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    Dans le dernier numéro, nous avons reçu dans les commentaires, ce poème d'un ancien habitant de Saint-Martin. Comme tout le monde ne regarde pas les commentaires, nous le republions sur les pages du blog.

     

    I

    Vita brevis... – J'agrée. Dans le petit village
    Où je jouais gamin dans les rues escarpées,
    Je vais, errant au gré des rues aux cent virages,
    Des voies et des chemins à la pente agrippés.

    II

    C'est la même qu'antan, la peinture qui craque
    Sur la porte écaillée au bois agonisant.
    Puisqu'il passe, le temps, rien ne sert qu'on se braque :
    La peinture brillait lorsque j'avais six ans.

    La grosse clé rouillée dans un coin de la porte,
    Quelle main l'a soumise, à rester sans bouger ?
    S'ennuie-t-elle, à prier qu'une autre main la sorte
    De la serrure grise où le temps l'a figée ?

    III

    Souvenir des tranchées au petit cimetière,
    Tranchées, dessous, dessus : partout on s'étrilla,
    La tête un peu penchée, brave poilu de pierre,
    Sur ton socle moussu j'ai lu : Pro patria.

    Elle a crû sur la tombe où la mort nous condamne,
    Une graine... Qui l'a déposée ? C'est le vent.
    Une graine qui tombe et un jeune platane
    Surgit de l'au-delà face au soleil levant.

    IV

    Sous le vieux pont, décor aux arches solennelles,
    Descendu sans férir des sommets conquérants
    L'Eyrieux coule encor... Tâche perpétuelle,
    Des galets à polir, que roule le courant.

    Beaucoup d'aygue a passé depuis cinquante ans, certes ;
    Je vise, un peu penché, l'autre rive... Ballot !
    Que de galets lancés – toujours en pure perte –
    Après trois ricochets churent au fond de l'eau !

    V

    Tout au bout de l'allée aux platanes, la piste
    Par où vient – le voici ! – un marcheur affairé
    Qui va d'un pas zélé ; le savais-tu, touriste ?
    Le train roulait ici, c'était la voie ferrée.

    Quand j'étais garnement, j'aimais avec mon père
    Voir le train arriver – garnement mais gentil.
    Les bambins du moment aimeraient tant, espère,
    Un beau train pour rêver. Mais le train est parti...

    VI

    Le train s'en est allé pour son dernier voyage ;
    « S'il faut vivre au pays nous resterons pourtant. »
    L'âme bringuebalée, le cœur bien davantage,
    Hélas, moi j'ai failli voilà déjà longtemps !

    La grosse clé rouillée dans un coin de la porte,
    L'arbuste plein d'entrain transporté par le vent,
    Les galets ronds roulés que la rivière emporte,
    Le fantôme du train, plus rien n'est comme avant.

    VII

    Vita brevis... – J'entends. Dans le petit village
    Où je jouais jadis dans les rues biscornues,
    Je vais l'air important, privilège de l'âge
    Puis je pleure tandis que la vie continue.

    Saint-Martin-de-Valamas, dimanche 8 avril 2021

    Lionel R.

  • Les ponts de St-Martin avant le XXe siècle

    (Pour donner une suite à l’article « Saint-Martin-de-Valamas au moment de la Révolution » du mois dernier.)

     

    Il n’est pas facile d’imaginer le réseau routier du Moyen-âge et de connaître avec précision la nature des passages de rivières. Pour avoir une idée des problèmes de franchissement des cours d’eaux, on peut se référer, par exemple, à l’ouvrage de Paul Camut, Saint-Martial en Boutières et  la seigneurie de Fourchades, notamment au niveau de l’Eysse à Massas (hameau qui était rattaché alors à St-Martial) ou de l’Escoutay à Deux-Eaux.

     

    La thèse de Franck Bréchon, Réseau routier et organisation de l'espace en Vivarais et sur ses marges (1250-1450), (consultable sur https://www.academia.edu) apporte quelques précisions sur la circulation autour de St-Martin. Le pont sur l’Eysse n’est, d’après lui, pas attesté au Moyen-âge et il existait un itinéraire partant du Cheylard, passant par Brion et Trenc, et arrivant au lieu-dit Au Plancher où il y avait un « planchier ».

    Pour remonter la vallée de l’Eyrieux il y avait deux solutions suivant l’état de la Saillouse : passer à gué ou faire le détour par Limis où un pont y était attesté.

     

    La vallée de l’Eysse n’était pas un axe important de circulation ou de pénétration pourtant il y avait un pont sur l’Eysse à Arcens. Existant en 1542, il est daté du XIVe siècle par certains auteurs. Il était aussi sur un axe de circulation entre Gluiras et la Haute-Loire par Borée, pendant la guerre des Cévennes (Chemins tracés sur une carte de Pierre Mortier de 1711).

     

    Une très courte description des ponts de St-Martin est donnée par un dessin assez sommaire de 1767 : plan terrier produit à l'occasion de l'ouverture d'une route de Saint-Martin-de-Valamas au Cheylard. (AD07- collection routes et ponts d’Ancien Régime - consultable en ligne).

    pont 2.jpg

    ponts 1.jpg

     

    A l’entrée du village, il y a deux « ponts de pierres » : un l’Eysse pour arriver au village en venant du Cheylard et un sur l’Eyrieux en direction de Lavis et de St-Agrève. Le pont d’Arcens est indiqué sur le tracé d’un « chemin à faire » de St-Martin à Mézilhac. Ce chemin caladé et bordé de murets a été en partie réalisé et il vaut la peine d’être emprunté.

     

    D’une manière générale, les ponts ne sont que très peu représentés sur les cartes.

    On trouve cependant :

    - les ponts sur l’Eysse et l’Eyrieux à St-Martin, le pont à Arcens et le Pont des Lièvres sur la carte de Cassini - 1777 ;

    - les ponts sur l’Eysse, l’Eyrieux, au Plancher et sur la Saillouse, dessinés sur le plan cadastral de 1840 de St-Martin.

     

    En 1865, le pont sur l’Eysse était en mauvais état et l’agent voyer en chef déclarait, dans son rapport du 24 juillet : « Quant à la dernière partie [de la route n° 21], entre cette rivière et le village de St-Martin, partie qui comporte la reconstruction du vieux pont existant, évaluée à 30,000 fr., nous serons malheureusement obligés d'en ajourner l'exécution à quelques années, faute de ressources suffisantes ». La construction du pont de trois arches de 12 m chacune et la rectification de la route aux abords a été adjugée « au sieur Bernard le 19 mai 1869 : 30 000 fr ».

    Il a été terminé avant le 1er octobre 1871 et il restait alors 10 000 fr. à régler. (Comptes rendus des séances du Conseil général).

     

    La route n°21, du Cheylard à St-Martin en passant par Jaunac, était presque achevée, mais l’actuelle route départementale, le long de l’Eyrieux, prévue depuis longtemps, n’était pas encore commencée…

     

    Dupont et Pondut

  • Arcens … L'eau d'Arcens

    Arcens … L'aiga das Arcensarcens.png

     

    En passent vès Arcens, me faguèron tastar

    D'un'aiga que fait « pschit », los boschons fait petar.

    D'en promier creguère ? Dieu me perdone,

    Qu'aquéra de champanha... Biàu la patrona

    En tirent bevenda s'es goraa de bornéu.

    D'abans que s'en avise, agotent lo lèu, lèu.

    Sans bofar, engolère lo quart dau botelhon.

    Ai ! Mas aquès d'aiga, d'ailai d'aquel fonton.

    La dama de l'ostau, en s'espetent de rire,

    Me diguèt : Escotatz, vos dise de me creire,

    Aquela aiga d'eici, vai ben vos ramonar

    Lo fetje, los ronhons, la bofia vai panar,

    Aquò fara de bruch, lo bondonhier badar,.

    Amont-naut a Sotron...creiran que vai tronar !

     

    Arcens … L'eau d'Arcens

     

    En passant par Arcens, on me fit goûter

    D'une eau pétillante.

    Je crus tout d'abord, Dieu me pardonne,

    Que c'était du Champagne … La patronne

    Aurait pu se tromper de robinet.

    Avant qu'elle s'en aperçoive, buvons aussitôt !

    Sans respirer, j'avalais le quart du flacon.

    Hélas ! C'était de l'eau, de l'eau de la fontaine.

    La patronne en riant aux éclats, me dit :

    Ecoutez-moi, cette eau est souveraine,

    Elle va vous ramoner le foie, les reins, la vessie.

    Cela fera du bruit, les robinets ouverts.

    Là-haut à Soutron... Il croiront qu'il va tonner !

     

    Marie Norcen