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ruedespuces - Page 49

  • Editorial

    En ce triste mois de novembre comment écrire un éditorial sans avoir en tête les tragédies dont nous sommes abreuvés à chaque heure de la journée qui nous font douter de la nature humaine et qui nous donnent l'envie d'arrêter complètement la radio ou la télé ? Comment se débarrasser de toutes ces images, de toutes ces informations plus terribles les unes que les autres afin de pouvoir se consacrer à notre petit bout de terre, à nos petits problèmes. Alors je rame pour trouver quelque chose d'intéressant à raconter. Et puis je trouve enfin un sujet : Les travaux en cours ou la fête de la caillette à St-Martin, mais le Dauphiné et "Tu sais que tu viens de Saint-Martin quand" s'en sont déjà chargés ! Alors je vais faire un tour dans la nature et au retour je me contente simplement d'annoncer quels articles nous publions dans ce numéro :

    -Un poème qui nous projette dans une ambiance automnale.

    -Une histoire de fin de vie.

    -Une présentation de la ZAN attitude

    -Une réflexion sur l'utilité des volcans.

    -Un conte.

    -Un voyage en train en Ardèche.

    .-Un nouveau rébus.

    -Une critique de livre.

    -Le programme de l'Université populaire.

    -Et comme d'habitude une citation .

     

    Bonne lecture.

    François Champelovier

  • Crépuscule d'automne

    L'averse vient jouer du tambour sur la vitre.

    Le songe se marie avec le feu de bois.

    C'est l'automne qui naît en pays vivarois,

    Mélancolique et beau comme un dernier chapitre.

     

    Malgré l'épais rideau, pénètre un vent coulis

    Dans la chambre où s'attarde, amère, inoubliable,

    Une odeur de forêt, de mélèze ou d'érable

    Et de bolet narquois caché dans le taillis.

    bolet.jpeg

    L'heure est elle au retour du passé qu'on regrette ?

    L'ombre s'étend déjà sur le parc endormi,

    Et le visage aimé d'un parent, d'un ami,

    Apparaît, lumineux, dans mon âme inquiète...

     

    Pourquoi ces écoliers en galoches de cuir

    Dont la bise d'antan gonfle la pèlerine,

    Reviennent-ils ce soir, dévaler la colline

    Où pousse à chaque pas l'herbe du souvenir ?

     

    Détournant mes regards, un joyeux reflet danse

    Sur le cadre sculpté d'un vieux portrait rêveur

    Où sous son chapeau noir, exaltant sa pâleur,

    Une blonde sourit avec indifférence...

     

    Hélène Cheynel   "L'herbe du souvenir"

  • "Auprès de mon arbre" ou "Comment envisager la mort autrement?"

    Nous sommes en 1980 en Allemagne, c'est le début de l'automne. Mon ami français et moi sommes invités pour prendre le café chez un couple d'amis plus âgés que nous.  Nous ne pouvons pas y aller sans un petit cadeau. J'opte pour des fleurs, un très beau bouquet qui contient  - des chrysanthèmes. Chose tout à fait normale pour les Allemands. Mon ami s'exclame : " Mais nous ne sommes pas en novembre! Et nous ne pouvons pas offrir des fleurs de la mort à un couple âgé !"
    Voilà ma première rencontre avec des rites funéraires français et un peu plus tard, je découvre les cimetières "lambdas" de mon nouveau pays.
    ( Je connaissais déjà le cimetière du Père Lachaise à Paris).

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    Chaque pays,  même chaque région a sa façon de vivre et de s'occuper de ses morts. A une époque, on ne se posait pas de questions, c'était la même façon de faire pour ceux qui venaient de la même communauté, rituel qui rassurait en quelque sorte face au seul élément commun à tous mais pas accueilli avec la même sérénité par chacun.

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    Cimetière norvégien

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    cimetière juif

    Aujourd'hui, les choses changent. Nous avons le choix entre plusieurs options, et il y en a toujours d'autres qui se pratiquent ailleurs, qui touchent certaines personnes au point de vouloirs les "importer" chez elles.

     En voici une qui nous vient depuis peu d'Allemagne où elle fait partie depuis assez longtemps des coutumes : enterrer l'urne avec les cendres auprès d'un arbre dans une zone destinée à cela.

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    En Alsace, cette pratique est proposée maintenant dans la commune de Muttersholz. Des petites plaques dans une forêt communale sanctuarisée rappellent les noms des personnes qui ont fait ce choix.
    A Schiltigheim, on a planté des arbres sur le terrain du cimetière existant pour créer ce nouveau type de forêt .
    La ville de Nancy veut même créer une forêt de 6000 m2 où les cendres pourraient être enfouies gratuitement mais sans petite plaque commémorative. Cette forêt serait destinée au recueillement mais aussi à la promenade.

     De plus en plus de personnes aiment l'idée de trouver leur dernière demeure dans la nature et non dans un caveau bétonné ou dans un colombarium.
    Plus d'entretien, plus de fleurs - ni des vraies ni en plastique. Gain de place face à l'afflux des générations baby-boom.

     Mais ce n'est pas que cela: C'est aussi le fait de lier le vivant et la mort. Nous faisons partie de la nature où la vie et la mort sont un tout. L'homme d'aujourd'hui dans le cadre de la vie moderne a du mal à ne pas compartimenter: les jeunes d'un côté, les vieux de l'autre; le collège est séparé du lycée ; il y a les quartiers des riches et celui des pauvres et j'en passe. Sous les arbres par contre, la vie et la mort ne feront plus qu'un dans un respect mutuel.

    La magnifique nature autour des villages comme Mutterholz invite à la réflexion. Celle de Saint Martin n'est pas moins belle. Je serais heureuse de trouver ma dernière demeure auprès d'un arbre dans ce paysage autour du village que j'aime tant. Je me sentirais beaucoup moins à  l'étroit .

    Christiane Behnke