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  • ruedespuces n°60

    Janvier 2024

  • Editorial

    Nous avions l'intention de dédier ce premier numéro de l'année au sujet qui fait la une de tous les médias : La neige et le froid. Mais après avoir lu que nos zainés disent parait il que ce qu'on nous vend comme un épisode exceptionnel était, il y a encore quelques années tout simplement appelé « hiver », nous avons abandonné l'idée. Voulant quand même rester dans l'air du temps nous avons pensé parler de la nomination d'un nouveau premier ministre et du remaniement ministériel, on nous a alors expliqué que rien n'allait changer et que ça n'intéresserait personne. Pour rester quand même dans l'actualité nous abordons (sans filet) l'affaire Depardieu. Mais pour le reste nous faisons comme d'habitude, nous restons sur notre petit coin d'Ardèche, tout en n'oubliant pas de vous présenter nos meilleurs vœux pour cette belle année que risque d'être 2024.

    Donc, dans ce numéro :

    -L'existence d'un gargotier à Arcens

    -Du lait à l'école

    -Un point de vue

    -Les années « yé yé »

    -L'affaire Depardieu

    -Un poème

    -Un rébus

    -Des fake news 

    -La rubrique « J'ai lu »

    Et comme d'habitude le programme de l'UPB et des citations.

    Bonne lecture.

    François Champelovier

  • Le verre de lait à l'école

    est-ce que quelqu’un a connu ça ?

    Par hasard, dans un tiroir de mon bureau je suis tombé sur une photo du journal « L’hebdo de l’Ardèche » que j’avais mise de côté et que je gardais précieusement. C’est une photo de classe des élèves de la petite section de l’école des Frères Maristes de Saint-Martin de Valamas.

    geo autrefois.JPG

     Sur l’image je reconnais tous les élèves, ma mémoire ancienne est bien tenace malgré les années écoulées, et sans doute parmi ces jeunes enfants en reconnaîtrez vous plusieurs. D’autant qu’ils n’ont pas beaucoup changé (!)… ils sont toujours aussi beaux, fringants, élégants et aussi avenants. 

    (bien que maintenant dans la force de l’âge). Essayez de les identifier.

    Mais ce bel aspect physique juvénile n’est pas le fruit du hasard, cette belle apparence des élèves de l’année où la photo a été prise, (sans doute 1956) ils la doivent au soin que le président du conseil de l’époque Pierre Mendès-France a pris de leur santé et de leur développement physique.

    En les obligeant à boire du lait à l’école chaque matin !

    Une mesure annoncée comme destinée à lutter contre la dénutrition (c’est encore la période d’après-guerre) et… l’alcoolisme ! Il est encore courant, à cette époque, de donner bière ou vin aux enfants. Le slogan de Mendès-France : « Pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! »

    Pour instaurer le verre de lait à l’école, le président du Conseil reprend une mesure qu’il avait expérimentée durant l’hiver 1937-38, alors qu’il était député de l’Eure : distribuer aux enfants d’Évreux un tiers de litre de lait par jour.

    En 1956, c’est lui qui a fait interdire toute boisson alcoolisée dans les écoles aux enfants de moins de 14 ans. Au-delà de cet âge, les enfants pouvaient (avec l’accord de leurs parents) continuer à consommer des boissons ne dépassant pas 3° d’alcool par litre. La consommation d’alcool dans les établissements scolaires n’a été officiellement interdite par une circulaire qu’en 1981 !

    C’est ainsi qu’en cette année 1956 chaque matin nous avons eu droit à un solide bol de lait chaud. Il était amené dans la classe à l’heure de la récréation dans une grande marmite portée par deux élèves choisis parmi les plus costauds de la classe et qui tenaient chacun une poignée du contenant en faisant attention de ne pas en faire tomber la moindre goutte. On nous servait le lait à la louche, et même une ration généreuse dans le bol personnel que nous gardions précieusement dans notre petit bureau en bois. Mon bol y cohabitait avec quelques sucres en morceaux dans une boîte en carton et avec ma boîte de cacao que j’y remisais pour agrémenter le breuvage, car boire du lait sans rien… beurk. 

    Tant pis pour ceux qui n’avaient rien à ajouter au lait cru, surtout que le lait de l’époque faisait rapidement de « la peau » en surface. 

    Pour vous parler de ma boîte de cacao, elle était très belle et colorée, hélas je n’ai pas le droit de vous la décrire en ces années 2024. Je vous dirai juste que le personnage qui illustrait  l’étiquette était coiffé d’un petit chapeau rouge avec un pompon bleu. Et je n’ai pas plus le droit de vous parler de l’accroche de la marque car le slogan qu’exprime le personnage est dans un français approximatif qui pourrait nous être reproché. Je vous en donne juste les premiers mots « Y’a bon ». 

    A vous de trouver la suite. Personnellement je ne vous ai rien dit ! Je ne voudrais pas que le rédacteur en chef de « rue des puces » ait un problème de censure de sa publication mensuelle à cause de moi.

    Et à l’époque tous les enfants finissaient leur bol de lait, et personne, même s’il n’aimait pas trop le breuvage ne se risquait à arguer d’une quelconque allergie au lait car le concept, assez récent d’allergie alimentaire n’avait pas encore été inventé. Donc tout le monde buvait et mangeait ce qu’on lui mettait dans son bol ou son assiette. Sans rechigner ni argumenter.

    Alors aujourd’hui, quand vous regarderez les enfants sur la photo de classe, pensez que grâce au lait distribué généreusement dans les écoles, ils ont bien grandi… et sont devenus forts, musclés, travailleurs, beaux, intelligents, endurants et qu’ils ont ainsi puissamment contribué au relèvement de la France de l’après-guerre.

    Mais ça, si vous avez reconnu quelques uns des enfants sur la photo vous le saviez déjà…

    Merci à Pierre Mendès-France et au ministre de l’éducation nationale de l’époque. En plus les ministres changeaient moins souvent de poste que maintenant et ils pouvaient ainsi se rendre compte comme  les écoliers embellissaient à vue d’œil grâce au lait chaud du matin.

    PS : entre nous, le prétexte politique de la distribution de lait à l’école partait d’un bon sentiment : la santé des enfants, cependant la vraie raison c’était d’écouler la surproduction dans ces années où la France était encore un pays agricole.

    Si ce petit texte humoristique vous a plu, dites moi le j’écrirai une suite un peu drôle pour le prochain numéro.

    Et si vous reconnaissez les élèves, merci d’indiquer leurs noms dans les commentaires de « rue des puces » en indiquant : premier rang et de gauche à droite, deuxième rang, troisième rang,  On va bien rigoler !

    Georges Verat