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  • Qui a inventé le tourisme ?

    On peut encore une fois citer Marc Boyer : « Il [le tourisme] a été inventé ainsi que ses formes, lieux et saisons…. La première invention décisive a été ce que l’on appelle « The tour » qui a donné lieu aux mots « touriste » et « tourisme ». « The tour » était le voyage éducatif fait par de jeunes gens riches, notamment des Britanniques, principalement à Rome et dans les grands sites italiens pour parfaire leur éducation ».

     

    Ce Tour a ensuite été réalisé par des adultes, toujours à des fins culturelles et « l’avoir fait » devenait une distinction dans l’élite aristocratique britannique. La mode aidant, de cures d’air en cures d’eau, l’aristocratie française, après la britannique, et le milieu culturel se sont déplacés pour faire une excursion, voir un paysage, réaliser quelque chose d’exceptionnel ou tout simplement partir. La montagne n’étant plus considérée comme un lieu repoussant commence à devenir, pendant la fin du XIX° siècle, quelque chose à découvrir. Le romantisme, du début de ce siècle, entraine vers plus d’exotisme, de redécouverte de la nature et de voyage.

     

    Certains auteurs vont même plus loin, tel Albin Mazon qui écrivait dans la revue du Vivarais de septembre 1896 : « Aujourd'hui, le grand intérêt de Bourlatier concerne spécialement les touristes, parce que ce lieu marque, sur la route de Mézilhac au Béage, le point de départ du chemin de Bonnefoy et des Estables, qui est le plus élevé de France, et sur lequel s'établira certainement tôt ou tard, un Sanatorium, c 'est-à-dire une de ces Stations d'air, dont nous avons eu le tort jusqu’ici de laisser le monopole à la Suisse et à l'Allemagne ». Quelques années plus tard, en 1907, une certaine méfiance vis à vis des stations balnéaires allemandes et la Suisse, enviée par son dynamisme touristique, s’est développée.

     

    En 1859, George Sand visitait le Velay et avait souhaité se rendre au sommet du mont Mézenc pour voir le lever du soleil (un classique local depuis longtemps). Dans un article des Cahiers du Mézenc, Sylviane Saugues la cite : « Pourquoi voyager quand on n’y est pas forcé ? C’est qu’il ne s’agit pas tant de voyager que de partir ». Mais George Sand était-elle une touriste ordinaire ?

     

    En 1879, c’est un autre touriste, écossais cette fois, qui débarque en France avec une envie de partir, lui aussi, et de marcher sur les traces de George Sand : Robert Louis Stevenson…. La publication de son récit de voyage dans les Cévennes a été un succès qui préside encore à la découverte de « son chemin » sur le GR 70. C’est actuellement une belle affaire touristique.

     

    La montagne attire de plus en plus et on assiste à la création de clubs pour la découverte des massifs montagneux. Et cela commence, encore une fois, outre manche avec l’« Alpine Club » créé en 1857 et présenté comme « un club très élitiste défenseur de la conception « aventureuse et gratuite » de l’approche de la montagne ». A la suite de la création du Club Alpin Français, en 1874, de nombreuses sections locales voient le jour.

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    En 1881, la section de Vals et Cévennes du Club alpin Français organise une excursion au mont Mézenc et dans les environs, avec un départ de Vals et un autre d’Annonay. Une aventure savamment préparée, chronométrée et annoncée dans la presse. Par exemple dans Le Journal d’Annonay du 18 juin 1881 : « Deux caravanes se dirigeront vers ce point, par deux voies différentes. L'une partira d'Annonay et suivra la vallée de la Vocance et sa direction vers le plateau central. L'autre partira de Vals et, gagnera ce même plateau par la vallée de la Volane ou par celle de la Fontaulière et de la Loire ». S’il est question de « plateau central », une expression des géologues de l’époque, c’est que le mot « Massif Central » n’avait pas encore été inventé.

    Légende gravures

    Extrait d’une carte postale des éditions Berthéas de Tence. Le Mont Mézenc. Pic du Sud-Est (altitude 1754 m). On remarque quelques touristes ou excursionnistes un peu perdus dans un chier….


    La famille Fenouillard, des touristes de la fin du XIX° siècle, lors de leur premier voyage. « C’est pas tout ça ! mais nous devenons de vrais mollusques ! J’entends que, dès demain, nous partions en voyage ! » s’était exclamée madame Fenouillard, la veille du départ. La famille Fenouillard, Christophe (Georges Colomb) édité en 1893.

     

    A suivre, pour plus de détails sur cette excursion…

  • Devenir locavore, est-ce vraiment facile ?

    Il y a quelques temps, en râpant du combava sur ma préparation de poissons, je me suis demandé si je pourrais nourrir ma famille avec des produits locaux uniquement, donc devenir « locavore ». 

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    Ce terme  « locavore » a été inventé par Jessica Prentice de San Francisco en 20055 à l'occasion de la journée mondiale de l'environnement, qui a proposé aux résidents locaux d’essayer de manger seulement les aliments cultivés ou produits à l’intérieur d’un rayon de 160 kilomètres.

    Le New Oxford American Dictionary a défini un « locavore » comme étant une personne qui recherche des produits alimentaires locaux. « Locavore » fut le mot de l'année 20076(source Wikipedia). 

    J’ai d’abord décidé que j’allais rechercher mon approvisionnement dans un rayon élargi, allez…200 kilomètres, car au-delà cela deviendrait du « consommons français ». Puis j’ai tenté de faire l’inventaire de tout ce dont je devrais me passer en adhérent au locavorisme  pur et dur : d’abord, le combava, ô combien délicieux, mais bon, je ferai du poisson au citron – au citron ??? il viendra d’où mon citron ? y a-t-il des cultures de citron à moins de 200 kilomètres  ? Sauf erreur, en France, seule la Côte d’Azur en produit, mais la production risque d’être insuffisante pour satisfaire la demande ; et la Côte d’Azur est en dehors de mes 200 kilomètres,  Revenons à mon citron, il faudra d’abord planter des citronniers en basse Ardèche, les arroser, beaucoup – ce n’est pas très écolo – puis il faudra des camions,  beaucoup de camions,  pour les distribuer dans toute la région (ce n’est pas très écolo non plus). A moins que l’on ne retransforme la Dolce Via en voie ferroviaire ?  le plus simple sera que j’arrête de manger des citrons en attendant que les citronniers soient productifs… 

    Il faudra aussi oublier tous les fruits et légumes tropicaux, bananes, mangues,noix de coco, litchis oranges, clémentines, ananas, avocats, patate douce, gingembre,  mon fameux combava et les délicieuses bergamotes d’Italie, oublier les amandes de Turquie et les raisins de Smyrne, ou de Corinthe, , puis le comté, le camembert, le parmesan, le sel, le poivre et autres épices, le Porto, le Whisky, les saucisses de Frankfort, le chocolat, et tellement, tellement de choses, qu’il serait intéressant d’en faire l’inventaire au fur et à mesure de nos besoins. Par exemple, les fleurs du bouquet que l’on vient de m’offrir viennent-elles d’une production locale ? D’où une nouvelle question, que cultive t-on, que produit-on en Ardèche ? Le père de l’agronomie moderne, Olivier de Serres, ardéchois bon teint, a bien dû laisser quelques consignes pour  que notre territoire soit autosuffisant en matière d’alimentation. D’après mes petites recherches,  selon les saisons (car bien sûr le locavore respecte le rythme des saisons), nous aurons un  choix limité, en été les tomates, courgettes, aubergines, pêches, abricots, (s’il ne gèle pas) etc, etc…ne devraient pas poser problème, mais la production locale  ne suffira semble t’il pas  à nourrir la population locale ? Nous devrons peut-être  oublier aussi les melons qui ne sont pas cultivés localement, les haricots verts qui viennent de partout sauf d’Ardèche,(bien que j’ai mon petit producteur perso pas très loin)  tout comme les artichauts, les choux fleurs, les brocolis, choux Romanesco et choux de Bruxelles, carottes, etc etc… Heureusement, nous avons la ratte, oui, mais petite production , et très limitée dans le temps. La Violine de Borée, n'en parlons pas, je n’en ai jamais vu sur les marchés. Mais nous avons les châtaignes !!!! en conserve à la belle saison, fraiches ensuite. Nous avons  aussi des pommes. Bien sûr, localement nous pouvons cultiver beaucoup de variétés. J’ai appris que l’Ardèche, qui  est un territoire fortement contrasté, est caractérisé par une grande diversité de productions. Nous avons donc cette chance de pouvoir varier nos assiettes, contrairement à la Beauce, par exemple, qui ne produit presqu’exclusivement des céréales.  Des contraintes géographiques et climatiques de notre région,  l’agriculture  locale a su développer des produits de qualité tout en conservant son authenticité à ses paysages. Mais bien que diversifiée, la production locale ne suffit pas à satisfaire toute la demande locale. 

    J’ai donc essayé pendant quelques semaines de n’acheter que des produits « indigènes »…. Difficile. Sur le marché, on ne sait pas d’où viennent les fruits et légumes, ils sont étiquetés « France », mais sans plus d’indication sur la provenance. 

    Les supermarchés des environs, eux, mentionnent les produits ardéchois. J’aime bien acheter des carottes ou des pommes d’Ardèche. J’ai le sentiment de faire une bonne action, d’être proche du producteur ….que je ne connais pas plus que le normand ou le nantais. 

    Le locavorisme est une belle idée, je favorise l’achat de produits locaux quand je peux et que les prix ne sont pas prohibitifs, néanmoins cette pratique me semble favoriser une sorte de repli « communautaire », j’achète et je mange ce qui vient de chez moi, je ne veux rien de l’extérieur, c’est un peu effrayant. 

    Ne pas tomber dans les excès me paraît important, j’ai donc décidé de devenir 

    Flexivore. J’achète le plus possible local, mais j’irai quand même de temps en temps faire mon petit stock de combavas….

    Je suis désolée si ce petit article est un peu décousu et incomplet, mais François me presse pour que j’écrive quelque chose !!!! alors voilà, c’est fait. Je trouve le sujet intéressant et serai ravie d’avoir d’autres avis, des idées, de bonnes adresses locales, etc…

    Hélène Duchamp

  • Habiller les arbres !

    C’est une première pour les Saint-Martinois : découvrir l’habillage des arbres du village.

    L’idée qui n’est pas nouvelle est apparue aux Etats Unis en ce début des années 2000. Elle s’est ensuite répandue dans certaines villes françaises, ou villages comme celui de St Martin aujourd’hui.

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    Si elle s’apparente aux fleurissements des balcons, cette démarche est audacieuse et fantasque, qui exprime une forme de gratuité, inutile en apparence. Une forme de coloriage de l’espace public, un embellissement.

    C’est à la lecture de la Lettre d’information municipale que j’apprends cette initiative : Recouvrir d’un lainage quelques arbres du village.

    Est-ce une forme de protection des arbres contre les intempéries ? Cela me renvoie à lecture toute récente du livre de Laurent Tillon (*) « Être un chêne, sous l’écorce de Quercus » qui évoque sous différents aspects les secrets de la biodiversité et qui nous rappelle l’importance des arbres dans notre milieu de vie.

    Je ne peux m’empêcher également d’associer cette démarche à une forme artistique bien connue des photographes : le land art. Expression artistique qui s’est exercée, pour ne citer qu’un exemple, lors de l’emballage du pont Neuf(**), le plus vieux pont de Paris.

    Mais non, ce n’est pas du Land Art, ni une protection des arbres face aux intempéries. 

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    Aujourd’hui, cette activité est considérée comme une forme d’expression artistique et désignée sous différents noms, comme par exemple : le « graffiti street – dessin dans la rue » ou « yarn bombing – bombardement de fil » ou encore « knit graffiti – graffiti en tricot ». 

    Cependant, notre regard peut imaginer plus simplement une expression qui permet de relier, d’échanger sur l’utile et l’inutile d’une chose et d’autres réflexions encore. Nous faire sourire.

    Nous y voilà, « faire sourire ou rire », n’est-ce pas là le propre de l’Homme ?

    Alors que cette période d’épidémie de Covid ne se prête pas à une certaine légèreté de la vie, mais alors pas du tout ! nous voilà avec un médicament efficace et sans danger, un placebo, pour lutter contre toute cette sinistrose.

    Ce projet initié par Hélène Tomas, bénévole, est accompagné par la médiathèque des Boutières, auquel participe moult bénévoles, si volontaires.

    Concrètement, c’est ce 01 avril que débute l’habillage des arbres. Ce jour-là, je retrouve une partie de l’équipe sur la place du village.

    Elles sont cinq à s’activer : Hélène, Madeleine, Martine, Mireille, et Séverine. Toutes sur des tâches d’assemblages, d’accrochages du lainage à l’arbre. Chacune faisant appel à l’autre ou utilisant les aiguilles, les ciseaux, les fils, les ouvrages, …etc.

    La journée se prête à cette activité extérieure avec un ciel bleu et une température clémente.

    L’habillage prend forme, avec des couleurs vives que les rayons du soleil rehaussent. 

    Tout cela demande avis sur la composition comme dans la confection d’un tableau.

    J’apprends dans le même temps, que tel ouvrage a été réalisé par le Club Tricot de l’Ehpad, que des pompons et des pantins ont été confectionnés par les enfants de l’école primaire St Joseph et que des pompons l’ont été par les enfants du Centre Aéré selon la méthode dite « à la fourchette ». 

    D’autres enfin, se sont activés à la maison ou ont remis des pelotes de laine ou de fils.

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    Je constate ainsi que cette initiative a conduit à la participation de toutes les générations.

    Je débute mes prises de vue de cette première composition, quand une nuée de moineaux nous envahit. 

    Ce sont les enfants de l’école primaire. Ils tournoient autour des arbres à embellir et avec leurs mains agiles concourent à la fixation de leurs pompons ou pantins. Je regarde à travers l’œilleton de mon appareil photographique ces mouvements d’enfants. Je m’interdis de diffuser ces images sans autorisations parentales. 

    Mon objectif initial est de réaliser quelques clichés de cet événement et de faire part de l’enthousiasme des acteurs présents.

    Et voilà comment dans un village un projet aussi festif que coloré peut rapprocher jeune et moins jeune.

    Le peu de temps que j’ai consacré sur cette place du village, j’ai vu des yeux pétiller de plaisir, savourer le plaisir d’être ensemble, d’échanger, de montrer ce dont on est capable.

    Je vous invite à aller visiter ces habillages visibles sur le mois d’avril.  Vous pouvez les voir sur La Place du village, au bas de la rue du Garail, au quartier du Pont, sur la Dolce Via, à la sortie du village direction Le Cheylard, à Champchiroux et j’en oublie certainement. Profitez-en pour engager une conversation sur cet art de la rue et peut-être sourire ou pousser un grand rire !

     

    Bonne journée

    A Saint-Martin de Valamas, ce 01 avril 2021. Presque confiné.

    Merci à Andrée, Hélène et Séverine pour leur recommandation.

    Texte écrit et illustré par Alain Roméas



    (*) Laurent Tillon qui a publié « Être un chêne, sous l’écorce de Quercus » est biologiste ingénieur forestier à l’Office Nationale des forêts.

    (**) Le pont neuf a été emballé par l’artiste Christo et son épouse Jeanne-Claude, organisatrice de l’événement, au cours de l’année 1985. De leur vrai nom : Christo Vladimiroff Javacheff et Jeanne-Claude Denat de Guillebon.