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  • Autrefois, un loisir populaire : La pêche

     De nos jours, nos rivières ne sont plus guère que des baignoires pour les jours d'été, et encore faut-il qu'elles soient accessibles, que la végétation des berges soit moins impénétrable que la jungle birmane ou encore que les abords ne soient pas clôturés comme des camps militaires !

      Il n'en a pas toujours été ainsi: de la fin de la II° Guerre mondiale jusqu'à la fin des années 60 (et même un peu au-delà), les cours d'eau des Boutières étaient fréquentés pour la richesse de leur faune aquatique, aussi abondante que variée, à savoir essentiellement des poissons. Les jeunes générations (moins de 40 ans) ont peut-être du mal à l'imaginer, mais jadis, nos cours d'eau étaient fréquentés du printemps à l'automne par de très nombreux pêcheurs (adultes, mais aussi jeunes et même enfants). Ce temps est bien révolu: on ne voit plus guère de poissons (voire pas du tout! ) en longeant les cours d'eau, alors qu'autrefois ils étaient partout: rivières bien sûr, mais aussi ruisseaux et même canaux et béalières! 

     Alors, quelle était donc cette faune nourricière des eaux douces, qui a fait la joie et le régal de générations de Boutiérots ? 

     Commençons par le commencement et donc par le poisson qui excitait (et excite toujours) la convoitise de tous les pêcheurs (et pas seulement ceux du dimanche après-midi), le poisson-roi, à savoir la truite (salmo trutta (1)), la vraie, la « fario », l'espèce indigène  qui affectionne les eaux vives et limpides, qui se réfugie dans les anfractuosité de rocher ou sous les gros blocs de pierre et pas le pâle succédané qu'est l'espèce dite « arc-en-ciel » (salmo gairdneri). Elle était alors abondante, même dans les ruisseaux. Les plus beaux spécimens dépassaient le kilogramme, et il n'était pas rare qu'un pêcheur expérimenté prenne au cours d'une journée dix, vingt ou trente truites. Osons avouer que lors de belles journées d'été; il arrivait que l'on aille chercher les truites à la main, sous les cailloux(2); certains utilisaient même le filet pour les capturer: pas très honnête, ni très écologique, mais à l'époque, c'était ainsi.

     Au-delà de la truite, on rencontrait bien d'autres espèces, notamment de la famille des cyprinidés, tels que l'ablette (alburnus alburnus)

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    d'une taille d'une quinzaine de centimètres, se déplaçant en bandes à mi- profondeur, dans les eaux calmes, elles étaient appréciées par certains, moins par d'autres à cause de leurs nombreuses arêtes; le chevesne (leuciscus cephalus)

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    appelé localement et à  tort « chabot », nettement plus gros que l'ablette, mais lui ressemblant, très méfiant, pouvant atteindre les 2 kilogrammes, aux arêtes nombreuses et à la chair un peu fade, mais malgré tout apprécié par certains, préparé au court-bouillon. On ne trouvait cette espèce que dans l'Eyrieux, à l'aval de Saint Martin; le goujon (gobio gobio)

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    enfin, d'environ 10 à 12 cm, aimant se prélasser sur les rochers ou le sable, dans les secteurs ensoleillés, dont la chair était fort estimée mais qui était difficile à prendre !

     D'autres espèces peuplaient les rivières, notamment le vairon (phoxinus phoxinus),

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    très sensible à la pollution: petit poisson de 7 à 8 cm en grandes bandes dans des secteurs faciles à atteindre, il faisait la joie des enfants qui pouvaient le prendre aisément et était très apprécié en friture! On rencontrait aussi mais plus rarement la loche de rivière (cobitis taenia),

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    de dimension analogue à celle du vairon, il stationnait sur les fonds sableux ou granuleux avec lesquels il se confondait, mais lui ne se pêchait pas comme les autres: on tentait de le harponner avec avec un fourchette (si!) alors qu'il était immobile, mais il filait comme l'éclair et l'opération était plus difficile qu'imaginée; l'anguille (anguilla anguilla) a parfois été capturée dans nos rivières, mais très rarement, tout comme le poisson-chat (ictalurus nebulosus), probablement arrivé dans nos eaux par déversement volontaire.

     Enfin, il serait injuste de ne pas parler de l'écrevisse (astacus astacus)

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    qui était dans ces années-là, très commune et que l'on pêchait  pour la plus grande joie des enfants à l'aide de « balances » (filets cerclés de fer)dans lesquelles on plaçait un morceau de viande (avariée si possible) où venaient se prendre les écrevisses, attirées par l'odeur. On pouvait aussi les prendre à la main sous les cailloux, mais alors , gare aux pinces! Et une fois capturées, il fallait les préparer et les...manger (deux opérations fort longues, mais quel régal !) 

     Alors, où est-elle donc , aujourd'hui, cette abondante faune aquatique? Apparemment elle n'est plus: plus de vairons, de goujons, de loches, d'écrevisses. Subsistent çà et là quelques ablettes et chevesnes (désormais de taille réduite). Seules les truites semblent encore habiter certains secteurs, grâce au repeuplement réalisé par la société de pêche. Les  causes  de cet appauvrissement faunistique sont probablement la pollution ( mais il n'y a pourtant plus de déversements d'eaux usées dans les cours d'eau), la surpêche, la raréfaction de  la nourriture (moins d'insectes, de vers...); la disparition des petits poissons (vairons, loches, goujons...) a aussi une conséquence sur le régime alimentaire des truites. Désormais, les rivières sont tristes, vidées de leur population naturelle. Est-ce irrémédiable? Souhaitons que non: une rivière, ce n'est pas que de l'eau.



     (1)Chaque nom vernaculaire est suivi entre parenthèses du nom scientifique (genre:salmo; espèce: trutta) afin que le lecteur sache bien de quoi l'on parle précisément)



     (2)L'auteur de ces lignes confesse à sa grande honte, qu'il a parfois pratiqué cette activité fort destructrice de la population aquatique. Mais le plaisir de cette pêche à la main, si elle garnissait la poêle à frire, ne saurait égaler celui de la pêche à la ligne!



                                             Gilbert  Verdier

  • Les excursions au Mézenc

    Les 7,8 et 9 août 1881 la section de Vals et Cévennes du Club alpin Français organisait une excursion au mont Mézenc et dans les environs, avec un départ de Vals et un autre d’Annonay. Le récit de cette aventure a été publié dans la Revue du Vivarais en 1894 et 1895 par Paul d’Albigny, directeur de l'Imprimerie Centrale de l'Ardèche à Privas et fondateur de la revue. Il y raconte aussi ses premières excursions au Mézenc.



    En 1853, en compagnie de jeunes botanistes son but était la connaissance de la flore locale. Ils ont tellement marché (douze ou quatorze heures par jour) pendant une semaine que leurs chaussures furent « effondrées, usées ». Le retour c’est fait en voiture (hippomobile) avec conducteur, et quelques frayeurs… sur une « route à pic sur un immense ravin »… (vallée de la Vocance).



    La deuxième, en 1863, était solitaire. L’aventure commencée à Saint-Martin-de-Valamas s’est faite avec un cheval loué chez un aubergiste du bourg. La première chevauchée l’a conduit, par Arcens, Saint-Martial, le Gerbier jusqu’au Béage pour « dîner et coucher ». L’excursion de trois jours lui permit de découvrir le Lac d’Issarlès, la Chartreuse et le Mézenc d’où il avait « exploré longuement ce merveilleux panorama circulaire, dont l'œil pénètre les profonds lointains du haut de ce superbe observatoire, et emporté de cette nouvelle visite à ces lieux élevés, une grande joie du corps et de l'esprit... »



    La troisième, en août 1881, était organisée pour le Club Alpin dont il était le président. Le parcours et l’emploi du temps ont été particulièrement étudiés et des voitures attendaient les marcheurs aux points d’arrivée des parcours pédestres. Voici le programme de la première journée, le dimanche 7 août, pour la caravane de Vals :



    - A 6 heures précises du matin, rendez-vous à l’hôtel Durand.

    - A 6 h 30 départ pour Mézilhac (25 kil.), trajet en 4 heures.

    - 10 h 30. Arrivée à Mézilhac, déjeuner à 11 heures.

    - 2 heures du soir. Départ pour Lachamp-Raphaël (6 kil).

    - 2 h 45. Arrivée à Lachamp-Raphaël, et départ pour la ferme de Bourlatier.

    - 4 h 13. Bourlatier ; là on laisse les voitures et l'on part à pied ou à cheval pour le Gerbier-de-Joncs (45 minutes), où l'on arrivera à 5 h. Ascension, 15 minutes. Séjour, 30 minutes.

    - 5 h 45. Descente sur Ste-Eulalie en passant par les sources de la Loire (1 h. 15).

    - 7 h. Arrivée à Ste-Eulalie. Dîner. Repos jusqu'à minuit 30.

    Et à minuit 30, c’est le départ, à cheval, pour le Mézenc. La caravane d'Annonay, partie de Fay-le-Froid à minuit 30, y a rejoint celle partie de Vals. Cette dernière rejoindra Vals le mardi 9 août 6 heures du soir. L’heure d’arrivée de la seconde caravane n’est pas indiquée, le narrateur suivait celle de Vals.



    Quel était l’équipement des excursionnistes ? Y avait-il des femmes ?



    A suivre…


     1 La section du Velay-Mézenc a été créée en juillet 1888.

     2 Les voitures, bien sûr hippomobiles, nécessitent parfois, comme à Laviolle, qu’un cheval de renfort soit attelé en tandem devant les deux chevaux d’un landau. Entre Mézilhac et Lachamp-Raphaël il en avait fallu deux.

    3 Si la route de Bourlatier à Sainte-Eulalie existait, celle conduisant au Gerbier n’était qu’à l’état d’ébauche jusqu’à la ferme de Clapas.

    4 La date choisie pour cette excursion était « aussi proche que possible de la pleine lune… »

     

     

    Affiche du constructeur Lelorieux-Frères. BnF Gallica. Le landau est une voiture attelée à quatre roues et quatre places en vis-à-vis, plus deux strapontins, à double capote mobile. Il peut être attelé à un, deux ou à quatre chevaux. « C'est une évolution de la calèche dans le sens de l'élégance et de l'aspect pratique ».

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    Une excursion à Royat, dans le Pays des puys, en 1900 (source Wikipédia). Cette excursion semble plus « touristique » que celle organisée au Mézenc. La station thermale de Royat, d’un passé antique, a commencé à rayonner à partir du milieu du XIX° siècle.

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    Jean-Claude Ribeyre