Ceux qui sont nés après 1968 ne peuvent en avoir le souvenir et ceux qui sont arrivés à Saint Martin après cette date ne s'en doutent probablement pas, mais pourtant si: il y avait bien une gare à Saint-Martin entre 1902 et 1968 (dates d'ouverture et de fermeture de la ligne CFD entre La Voulte et Dunières en Haute-Loire).(1)
Cette gare se situait précisément à l'emplacement actuel du lotissement dit « de la gare ». Le bâtiment principal (guichet, salle d'attente) était juste au-dessous du départ actuel de la route de Nant. Autour de lui se groupaient quelques annexes ( locaux techniques, hangar) et les voies s'étendaient devant: deux juste devant la gare pour le croisement des trains, et dans le prolongement en direction du Cheylard, voies de garage ou de déchargement. Dans la salle d'attente, on pouvait voir l'inévitable et indispensable pendule et l'on pouvait utiliser une bascule pour peser colis et bagages, mais elle était utilisée fréquemment par les voyageurs pour se peser eux-mêmes!
A proximité s'élevait l' « hôtel de la gare » aujourd'hui « résidence Gardéliane » pour le repos et la restauration des voyageurs. Une route conduisait à la gare « rue de la gare » et franchissait un passage à niveau-non gardé- deux cents mètres en amont, où débouche aujourd'hui la « dolce via ». A ce passage, il y eut d'ailleurs quelques collisions entre trains et véhicules automobiles. Les populaires autorails blanc et rouge , appelés « michelines » signalaient pourtant leur passage par un retentissant « pa poum »!
Le trafic nécessitait une bonne planification: chaque convoi devait attendre que la voie unique devant lui soit libre avant de s'y engager. Le croisement se faisait dans les gares (voie double): les plus proches étaient Le Cheylard (centre du réseau) et Saint Julien d'Intres (où le bâtiment existe d'ailleurs toujours. Évidemment tout retard d'un train entraînait des perturbations importantes pour les autres. Deux arrêts facultatifs existaient sur la commune de Saint-Martin, à savoir Le Bourget et Riotord, où les édicules destinés à abriter les voyageurs sont toujours là, sur la « dolce via ».
Le CFD eut une activité importante avant la 2° guerre mondiale , tant pour les marchandises (transport de bois) que pour les voyageurs (notamment les jours de foire à Saint Martin et au Cheylard. Après la guerre, le trafic passagers baissa peu à peu, en raison de la concurrence de l'automobile, mais sans toutefois disparaître. Au cours des années 50/60, ce trafic voyageurs était fortement soutenu par les scolaires, vers les collèges du Cheylard ou les lycées de Tournon. Une forte affluence juvénile se produisait alors le lundi matin (départs) et le samedi (retours). Cela ne suffit hélas pas à sauver le CFD qui arrêta son activité à l'automne 1968. Quelques années plus tard , après la destruction des bâtiments ferroviaires, ce fut la construction du lotissement tel que nous le connaissons aujourd'hui.
(1)Pour en savoir plus sur le CFD, consulter l'excellent ouvrage de Roger Dugua et Guy Dürrenmatt « Trains à vapeur et autorails en Ardèche et Haute-Loire » (2 T) Editions Dolmazon
Gilbert Verdier