Ce volcan là, on ne peut pas le rater.
En arrivant au carrefour dit « des 4 routes » sur la D215, en allant de Saint-Martin-de-Valamas à Borée, il s'offre en plein écran à la vue du voyageur, qu'il domine du haut de ses 1521 mètres. Mais il est néanmoins moins connu et moins populaire que ses illustres voisins (Gerbier de Jonc 1551m et Mézenc 1754m). Pourtant, son allure fière, à l'aspect alpin devrait attirer les randonneurs. Si ce n'est pas le cas, c'est qu'il y a une raison : il est d'un accès beaucoup plus difficile que ses voisins et il n'y a pas de route qui mène à proximité. (donc pas de buvette où se désaltérer, pas d'aménagement pour le repas, marche d'accès difficile et longue.) Bref ce n'est pas un volcan pour les faignants !
Sa forme pyramidale qui s'élève à quelque 600m de haut, fascine autant qu'elle impressionne (les pentes du cervin ne font elles même que 1200 m), le Sara n'est donc pas ridicule et son ascension réserve quelques surprises et même quelques sensations fortes au promeneur.
Avant même de commencer l'ascension proprement, on rencontre sur l'Eysse (flanc nord) une étonnante coulée de lave issue du suc et qui s'est répartie sur le versant de la montagne d'en face. Cette coulée a été coupée par les deux cours d'eau qui confluent à cet endroit : l'Eysse et un ruisseau secondaire. La coulée a été sciée ( d'où le nom de « coin de la scie ») L'endroit est particulièrement sauvage, isolé, avec des éboulis considérables apportés là par les deux cours d'eau . Mais l'ascension ne fait que débuter.
A une heure de marche de là, à 1250m on atteint un col qui offre une vue superbe sur l'énorme rocher des Cuzets sis à quelques kilomètres, sur les flancs sud du Mézenc. C'est là que les difficultés commencent avec, après un parcours facile en forêt, la traversée d'un grand pierrier formé d'énormes blocs de basalte instables et où il convient d'être extrêmement prudent. D'autant plus que les difficultés continuent avec un sentier presque à pic au dessus du vide et où l'utilisation des mains s'avère indispensable.
Après cette difficulté un peu sportive on accède au sentier de crête, un peu aérien mais sans difficulté, au milieu d'une végétation clairsemée composée d'arbustes. Enfin c'est l'arrivée au sommet qui domine de 600m la vallée de l'Eysse (au nord) et la vallée du Pradal au sud . On tutoie le Mézenc et le Gerbier de Jonc, on domine la région des Boutières (sucs de Borée) et dans le lointain on distingue le Vercors et avec un peu de chance le Ventoux. Mais ce qui domine c'est la sensation d'isolement, l'impression de se trouver à l'écart de toute civilisation, malgré quelques voitures qui passent sur la route de Borée, mais sans aucun bruits qui ne nous parviennent : Atmosphère unique qui ne doit pas nous empêcher de casser la croûte sur la petite plate forme et de goûter un repas bien mérité, avant de prendre le chemin du retour.
-Attention, au retour il convient d'être très prudent, la descente est plus délicate que la montée ! On ne saurait trop recommander d'emporter une carte IGN du secteur et de ne pas partir seul. En cas d'accident, les secours ne seront pas là immédiatement (difficultés d'accès) .
Gilbert Verdier