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  • Parti pris

     

     

    Réfugiés ou migrants ?refugiés.jpg

     

    En 2015, des bombes russes tombaient sur la tête des syriens. Ceux-ci fuyaient leur pays par milliers et beaucoup étaient accueilli par l'Allemagne. La France fut beaucoup moins généreuse et Madame Merkel fut beaucoup critiquée dans le reste de l'Europe. En ce mois de mars 2022 ces mêmes bombes russes frappent les Ukrainiens. Nombre d'entre eux, comme l'avaient fait les Syriens avant eux essaient de gagner des pays où ils seront en sécurité. Le président de la République a déclaré que : « La France prendra toute sa part dans l'accueil des ressortissants Ukrainiens. ». Les préfectures prennent des mesures pour recenser les capacités d'hébergement dans les territoires. On ne peut bien sûr que se féliciter de cette initiative. De même, à Saint-Martin, la mobilisation pour la collecte en faveur des réfugiés est un grand succès.

    Comme les autres, la commune de Saint-Martin est donc appelée à recenser les possibilités d'hébergement. J'ai le souvenir, notamment dans mon village qu'en 2015, l'accueil de réfugiés Syriens ne faisait pas consensus, c'est le moins qu'on puisse dire. Il est vrai que s'agissant des Syriens on parlait plutôt à l'époque de migrants. Les Ukrainiens, eux, sont des réfugiés. Un migrant «est une personne qui est expatriée (pour des raisons politiques, économiques etc . » Alors qu'un réfugié est : « Une personne qui a dû fuir son pays afin d'échapper à un danger (guerre, persécutions, catastrophe naturelle etc) . » En d'autres termes, un migrant fait le choix de s'expatrier pour des raisons économiques (ils viennent chez nous pour profiter de notre sécurité sociale !) Syriens, Afghans et autres peuples subissant des guerres loin de chez nous sont de mauvais migrants alors que les Ukrainiens, plus proches et plus blancs (ils sont presque comme nous !) sont de bons réfugiés ! Il y a les étrangers convenables et les autres. Encore une fois, il faut bien sûr venir en aide aux ukrainiens, mais je ne peux m'empêcher de penser que traiter les gens de manière différente selon leur couleur de peau, leur religion ou par rapport au pays d'où ils viennent a une odeur de racisme. 

    Trois maires de notre Communauté de communes soutenant un candidat à l'élection présidentielle demandant que l'accueil des Ukrainiens n'ait lieu qu'en Pologne et surtout pas chez nous, accepteront ils de « prendre leur part » dans l'accueil des ressortissants Ukrainiens  ? 

    François Champelovier

  • Les Vaudois dans le Bade-Wurttemberg

    L'itinéraire culturel européen « Sur les pas des Huguenots et des Vaudois » part de Poët-Laval (Drôme), traverse la Suisse et, en Allemagne, le Bade-Wurttemberg bad wurtemberg 2.jpget va jusqu'à Bad karlshafen dans la Hesse. Dans le Wurttemberg, au nord de la Forêt Noire, dans la région de Pforzheim, le chemin passe par des villages aux noms bien français : Pinache, Serres, Pérouse et d'autres. Ceux-ci ont été fondés dans les années 1699-1701 par des Vaudois venus du Val Cluson et du Val Pragela dans le Piémont.

    A la fin du XIIe siècle, Pierre Valdès, valdes.jpgun marchand lyonnais, a remis en cause certains principes de son Eglise avec laquelle il rompt en 1179, et il fonde une communauté « Les pauvres de Lyon » qu'on appellera bientôt les Vaudois. Leurs principes étaient de se référer uniquement à la Bible, de contester le pouvoir et la richesse de l'Eglise et de rejeter l'idée de purgatoire et le culte des Saints. L'Eglise réagit aussitôt, excommunie P. Valdès et condamne ses disciples comme dissidents. Ceux-ci s'enfuient et trouvent refuge dans les vallées isolées des Alpes cottiennes, notamment dans les vallées sur le versant italien.* En 1532 ces Vaudois rallient la Réforme de Calvin -Ils parlaient français et Genève n'était pas loin- et à ce moment seulement ils acceptèrent le nom de Vaudois.

    Au XVIIe siècle une grande partie du Val Cluson se trouvait sous la domination française et, quand, en 1685, Louis XIV a révoqué l'Edit de Nantes et persécuté les protestants les Vaudois furent aussi concernés.

    En 1680, un pasteur huguenot, Henri Arnaud, venu d'Embrun pris en charge un pastorat vaudois et devint témoin des persécutions des vaudois dans la vallée. En 1698, il se rendit en Allemagne et pris contact entre autres avec le Duc Eberhard Ludwig de Wurttemberg.duc.jpg Celui-ci lui promit d'accueillir des réfugiés. Il avait bien besoin de nouveaux habitants pour son pays toujours dévasté par la guerre de 30 ans. Henri Arnaud partait bientôt avec un grand nombre d'hommes et de femmes. Ils traversaient les Alpes, se dirigeaient vers Genève d'où ils prenaient l'itinéraire des Huguenots du sud de la France. Après l'arrivée d'un premier groupe au Wurtemberg en 1699, le Duc leur a assigné des territoires à coloniser au nord de la Forêt Noire, dans le nord-ouest de son pays, et il leur a accordé certains privilèges, entre autres la gestion autonome de leurs colonies, la pratique de leur culte (calviniste dans un pays luthérien) et le maintien de leur langue. Les Vaudois ont alors cultivé les terres en friche, planté des pommes de terre, qu'ils ont ainsi fait connaître dans le pays. Ils ont fondé des villages auxquels ils donnaient des noms de leur ancien pays : Pérouse, Pinache, Serres, Villars, Bourcet. Ils parlaient le franco-provençal ( qu'ils appelaient patois), pratiquaient leur culte en français, avaient leurs pasteurs et leurs écoles. Pendant 120 ans ils formèrent une population à part, leur langue et leur culte empêchaient l'intégration.

    Cette situation a changé au début du XIXe siècle : En 1796 déjà, un rapport du pasteur de Neuhengstett (Bourcet) avait attiré l'attention du gouvernement. Le pasteur avait dénoncé un niveau de culture catastrophique, constaté que les gens ne parlaient bien ni l'allemand ni le français, et qu'à l'extérieur du village personne ne pouvait se comprendre. Des études ont confirmé le rapport, et par la suite, la gestion autonome du village a été annulée en 1806. En 1823, d'autres mesures ont suivi : Le roi Wilhelm I. de Wurttemberg (entre temps le duc était devenu roi) a convoqué un synode où il réunit les pasteurs vaudois et les dirigeant de l'église luthérienne. Ce synode a décidé l'interdiction de la langue française à l'église et à l'école, l'intégration de l'église vaudoise dans la luthérienne et l'abolition de la gestion autonome des villages .

    Au cours du XIXe siècle, les vaudois se sont assimilés à la société du Wurttemberg. Avec le culte luthérien (en allemand bien sûr) même l'intérieur des églises a été transformé. Les jeunes sont souvent partis dans les villes, se sont mariés avec des partenaires germanophones. Leur langue disparaissait et, à la fin du siècle, seules quelques personnes âgées la parlait encore. Pourtant des noms de familles persistent jusqu'à nos jours, on trouve toujours des Jordan, Ayasse, Soulier et d'autres.

     

    En1899, la commémoration des 200 ans de la fondation de la première colonie a marqué un tournant. Les descendants des colonisateurs vaudois ont redécouvert l'histoire et les traditions de leurs ancêtres dont ils admiraient la persistance de leur foi. L'identité vaudoise s'est renouvelée et en 1936 l'association des vaudois allemands a été créée. Elle a acheté la maison d'Henri Arnaud à Schönenberg où le centre de tous les Vaudois en Allemagne a été installé. Il existe toujours et on y trouve un musée, des archives et une bibliothèque concernant l'histoire et l'actualité des Vaudois.

     

    Christel Dürr

     

    *Les vallées vaudoises du Piémont sont trois vallées du nord-ouest de l'Italie qui doivent leur nom au fait que la plupart de leurs habitants étaient des fidèles de l'Église évangélique vaudoise.

  • Hommage à René de Obaldia (1918-2022)

    rené de obaldia.jpg

    Début février disparaissait René de Obaldia, à l'âge de 103 ans (!), membre de l'Académie française, ancien diplomate. Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant il fut un des écrivains français les plus talentueux du XXe siècle. Alors, en ces temps troubles où l'on encense dans les médias des personnalité médiocres, voire douteuses, et où l'on porte au pinacle des écrivains de seconde zone, rendons hommage à ce virtuose de la langue française, qui fut romancier (« Tamerlan des coeurs », « Le Centenaire ») auteur dramatique (« Genousie », « Du vent dans les branches de Sassafras ») poète (« Les richesses naturelles »). Mais ce que nous retiendrons ici, c'est son recueil de poèmes « Innocentines » (1968) avec son sous-titre « poèmes pour enfants et quelques adultes », qui annonce bien la couleur : Ce sont des poèmes aisés à lire et à comprendre, écrits dans un esprit malicieux, espiègles, voire légèrement coquin, qui plairont à tous ceux qui ont gardé en eux leur enfance. Parmi tous ces poèmes citons particulièrement : (mais tout se déguste)

    -Vespasien

    -Petronille

    -Depuis le temps qu'il y a des guerres

    -J'ai trempé mon doigt dans la confiture

    -En ce temps là

    -Julot-Mandibule

    -Le zizi perpétuel (un must absolu)

    -La soucoupe volante

    -Le plus beau vers de la langue française (autre must)

     

    En prime, en fin de volume, une petite pièce de théâtre qui vous tirera des larmes de rire ( un népenthès de tout premier ordre!) « Alligators et Kangourous »

     

    Oui : Que vive Obaldia

     

    Gilbert Verdier

     

    Pour faire plaisir à Gilbert "ruedespuces" vous offre en exclusivité :

    Le zizi perpétuel

    Mon petit frère a un zizi
    Mais moi, Zaza,
    Je n’en ai pas.

    Mon petit frère a un zizi
    Toujours placé au bon endroit
    Mais moi, Zaza,
    Je n’en ai pas.
    Pourquoi ?

    Il me le montre sans répit
    Pour me donner du dépit
    Pour se donner un air gaulois
    Pour m’enfoncer dans l’désarroi !

    Il me le sort en catimini’
    En tapis rouge en tapinois’
    Et me le fait toucher du doigt :
    C’est assez doux
    Comme caoutchouc
    Mais y’a pas de quoi
    Perdre la foi.

    Et moi, et moi, moi je me dis
    Pourquoi mon frère a un zizi
    Dans quel tiroir se font les lois ?
    Le jour et la nuit
    Son zizi le suit
    Toujours placé au bon endroit.

    Et moi, Zaza, dans les draps blancs
    J’ai beau me tâter
    Me tâter souvent
    À la place où ç’aurait dû été
    Que du vent ! Que du vent !

    « Tu verras Zaza
    Avec mon zizi
    Un jour je serai le Roi »
    Qu’il dit
    Tout en lui collant tout autour du sparadrap.

    À la fin c’est énervant
    De manquer obstinément
    De cette sorte d’émolument.

    Si j’ai le regard zoulou
    Si j’ai le nombril sournois
    Si je fais des coups en d’ssous
    Si je pousse de guingois
    Si je ne fais pas mon poids
    Faut pas demander pourquoi !

    Mais pourquoi ?
    Pourquoi ?

    (René de Obaldia)