Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • L’Ardèche en bonne place dans le journal l’Illustration ?

    La gravure de couverture de la revue L'illustration, journal universel n° 3005, du 29 septembre 1900 intrigue et soulève plusieurs questions.

    - Que font ces deux automobilistes entre des tables que l’on dresse, dans un lieu apparemment atypique, pour y recevoir probablement un nombre important de convives ?

    - Pourquoi trouve-t-on en bonne place un panneau Ardèche ?

    - Et enfin qui est ce Sabattier qui a signé la gravure ?

    Un banquet hors normes

    l s’agît tout simplement du plus « gigantesque banquet des maires » qui s’est déroulé à Paris le 22 septembre 1900. Il a été « organisé à l’initiative du président de la République Émile Loubet et de son président du Conseil Pierre Waldeck-Rousseau à l’occasion de l’exposition universelle de 1900 qui eut lieu à Paris du 14 avril au 12 novembre ». Il a réuni 22 965 convives.

    L’installation d’immenses tentes a été réalisée dans le jardin des Tuileries pour abriter 700 tables de 10 mètres de long chacune (donc plus de 7 km de nappes) pouvant recevoir de 32 à 36 couverts. Pour transmettre les ordres de services, six bicyclettes furent prévues ainsi qu’une automobile, une De Dion-Bouton de 4 CV, pour qu’un organisateur en chef puisse surveiller les préparatifs (représenté sur la gravure).

    Le menu était le suivant : Hors-d’œuvre ; Darnes de saumon glacées parisienne ; Filet de bœuf en Bellevue ; Pains de canetons de Rouen ; Poulardes de Bresse rôties ; Ballottines de faisans Saint-Hubert ; Salade Potel ; Glaces Succès - Condés ; Dessert.

    Les journaux de l’époque ont relaté l’événement et certains les quantités impressionnantes de nourritures servies. Il s’y est aussi bu 39 000 bouteilles de vins (1,3 litre par convive en moyenne). Le journal L’Ouest Éclair décrivait, le lendemain du banquet, dans un article la fin du banquet : « de braves maires en bandes, bras dessus, bras dessous, qui s’en vont par grappes humaines, suant, soufflant, chantant, joyeux… ».

    Le journal Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 22 septembre 1900 s’intéressait à l’alléchante proposition faite aux maires pour qu’ils se décident à venir jusqu’à Paris. Ils ont eu une réduction de 50% sur le prix du voyage, pour eux et leur « dame », sous forme d’un retour gratuit sur présentation de carton d’invitation « visé lors du banquet ». Il fallait absolument être au banquet pour avoir une réduction.

    Mais y avait-il beaucoup de dames ? Le discours du président de la République commençait par « Messieurs » !

    Le Journal d’Annonay du samedi 29 septembre 1900, dans l’article « Lettre de Paris » écrivait « Elle a donc eu lieu cette fête des municipalités de France qui a fait couler tant d'encre dans les journaux. Eh bien !, elle a été superbe, splendide d'enthousiasme et de calme », en remarquant que l’on n’avait pas parlé « du Ministère » sans que l’on sache aujourd’hui de quoi il s’agissait en 1900…

    Un artiste ardéchoislouis sabattier.jpg

    L’Ardèche en évidence ?.L’auteur de la gravure, Louis Rémy Sabattier, est tout simplement un peintre et dessinateur né à Annonay le 23 mai 1863 et surtout connu pour sa collaboration au journal « L’Illustration » durant près de 40 ans.

    Sa biographie précise qu’il « avait gardé des liens étroits avec sa ville natale d’Annonay, y séjournant fréquemment ». C’est sûrement pour cette relation qu’il a choisit de placer le département de l’Ardèche, bien en évidence, sur sa gravure. Après son décès, en 1935 à Nice, « sa veuve a confié un grand nombre de ses dessins, esquisses et peintures au musée de la ville ».

    Soyons chauvin ! Que diable, mais sans excès.

    JC

    Quelle surprise lorsque Jean-Claude m'a envoyé cet article.

    En effet, Louis Sabattier est le cousin germain de ma grand mère maternelle ! A la maison, nous avions dans une commode quelques matériels lui ayant appartenu parmi lesquels un appareil photo dont il se servait lors de ses voyages.

    « Louis Sabattier commença par la création de panoramas, spécialement à Rezonville et à Reichshoffen.Il devient membre de la Société des Artistes Français en 1890.Ses premiers croquis de la vie parisienne paraissent dans l'Illustration en 1895.1 Pour l'Illustration il voyage au Tonkin, en RussieAbyssinie puis au Maroc avec Hubert Lyautey. En 1912, il acheva un long voyage en Chine, visitant ShanghaiTianjin et Pékin.Louis Rémy Sabattier meurt à Nice en 1935, à 72 ans. » (Wikipédia)

    Je possède un tableau peint par lui représentant le château de Thorrenc près d'Annonay.

    chateau de thorrenc.jpg

    François

     

     

  • Les bons mots à la bonne place

    Il y a quelques temps, j’ai vu passer sur Facebook l’annonce suivante :

    “A VENDRE LIT A BARREAUX POUR BEBE BLANC “………what ?????!!!!!!!!??????? Ma première réaction fut de rire, tant il m’a semblé évident que l’erreur de syntaxe n’était pas volontaire ; ma deuxième réaction fut de réfléchir à l’importance des mots, leur sens, leur place dans une phrase.

    A VENDRE LIT POUR BEBE BLANC illustre parfaitement comment une communication ambigüe peut prêter à confusion. Cette confusion peut conduire à des malentendus et à des préjugés. Les gens pourraient interpréter incorrectement que le bébé doit être blanc pour qu’on puisse acheter le lit, entrainant un sentiment de discrimination, et des suppositions sur la personne qui vend le lit. Le malentendu sur la couleur du bébé pourrait ainsi provoquer des tensions interpersonnelles si les personnes impliquées se sentent offensées ou mal comprises.

    La langue que nous utilisons est un outil puissant, capable de refléter notre compréhension, nos croyances, nos valeurs. Cet outil est tout aussi puissant dans sa capacité à influencer, unir, blesser. L’utilisation de termes inappropriés peut avoir des conséquences profondes sur des communautés entières. Il semble à peu près certain que dans le cas de l’annonce pour le  petit lit  tout le monde aura compris qu’il s’agit d’un lit blanc et que l’erreur de syntaxe n’a donc aucune conséquence. Méfions-nous néanmoins, les mots ont tous un sens, utile et puissant, ils sont le fondement de la communication, une communication verbale claire est essentielle pour la compréhension mutuelle. A l’heure actuelle, en raison de l’importance accrue portée aux questions de race et de justice, la manière dont nous communiquons a une importance capitale pour la construction d’une société plus inclusive, équitable et respectueuse. Ainsi employer à tort et à travers les termes “nazi” pour parler d’un patron qui n’accède pas à vos demandes, ou “dictature” pour parler d’un pays dans lequel on ne peut pas faire tout ce que l’on veut est totalement exagéré. L’utilisation excessive du terme “nazi” peut minimiser la gravité de ces crimes et porter atteinte à la mémoire des victimes. Qualifier systématiquement des dirigeants de “dictateurs” affaiblit le sens du terme.  Les coréens du nord ou les iraniens doivent bien rire lorsqu’ils nous entendent traiter nos politiques de dictateurs…. 

    Pour conclure, il me semble très important de choisir ses mots avec soin et de n’utiliser certains termes que lorsqu’ils correspondent à leur sens réel ; important aussi de veiller à ce que les jeunes générations arrêtent de s’appauvrir en vocabulaire et en expression, orale ou écrite. Un vocabulaire limité entraîne des difficultés à expliquer ses idées, à participer à des conversations ou comprendre des textes, donc la réussite scolaire s’en trouve limitée. Les bébés fournissent un bel exemple de la façon dont le manque de langage peut susciter de la colère, laquelle s’atténue au fil du temps grâce à l’apprentissage du langage, ouvrant la possibilité pour lui  de s’exprimer.

    Hélène Duchamp

  • Rue Royale

    A l'heure où des travaux sont en cours rue Royale, il nous a semblé intéressant de savoir pourquoi cette rue de Saint-Martin-de-Valamas porte ce nom.

    Nous avons trouvé une réponse dans le livre « Pierres parlantes de nos Boutières » écrit par Martine Valmas en 1967.

    Il semble que le roi Louis XIII ait voulu récompenser le seigneur Antoine Blanc de Mouline pour avoir combattu les protestants en lui offrant une maison à Saint-Martin-de-Valamas. Cette maison était de ce fait appelée « Chez le Blanc» et par extension peut-être "la maison Royale" . Par conséquence il était logique que la rue qui partait de cette maison soit nommée « rue Royale ».

    Voici donc ce qu'écrivait Martine Valmas :

    pierres parlantes.jpg"Entre l'édit de Nantes du 15 avril 1598, et l'assassinat d'Henri IV (14 mai 1610), le pays connut les bienfaits de la paix, et chercha à réparer les désastres. Dans cet intervalle, on ne signala guère, dans les hautes -Boutières que quelques voleurs de grands chemins qui furent arrêtés.

    A la mort d'Heuri IV, la situation redevint trouble. Un synode national des protestants fut tenu à Privas le 24 mai 1612. A ce propos un historien a écrit : « Il suffisait d'une étincelle pour rallumer la guerre. Cette étincelle, c'est à Privas qu'elle jaillit, et ce n'est ni la politique, ni la religion qui la provoquèrent, ce furent les beaux yeux de la dame de Privas. On sait que ce fut le mariage de Paule de Chambaud avec Claude de Hautefort de lestrange, le seigneur de Saint-Martial qui fut l'occasion de cette nouvelle guerre.

    Non seulement, la région de Privas en ressentit les effets, mais encore celle des Hautes Boutières, et le Cheylard redevint le centre d'agitation d'autrefois.

    Le 3 mars 1618, noble Antoine Blanc de Molines, sieur de Molines reçut commission du duc de Ventadour de mettre sur pied une compagnie d'infanterie pour combattre les protestants.

    13 juillet 1621 : Antoine Blanc de Molines se voit attribuer par Louis XIII une maison

    18 août 1874 : Auguste Le Blanc de la lignée d'Antoine, passe la vente de cette maison à la famille Coulomb, veuve Rousset de Saint-Martin-de-valamas

    24 octobre 1921 : Le Blanc de Chanéac de la lignée des de Molines, demeurant à Tours certifie que M. Félix Laffont époux Rousset habite bien dans la maison en question ;

    Ainsi le chemin pavé, partant de la route nationale 103 (D120), fut, on peut le supposer, dénommé « rue Royale » pour perpétuer le souvenir du don de Louis XIII à Antoine de Molines. Cette maison, depuis lors fut appelée « Chez Le Blanc ».

    Avant 1900, cantonniers et facteurs, voir Madame Morin-Latour n'avaient pas d'autre expression pour désigner la maison historique de notre chef-lieu.

    Les propriétaires des maisons avoisinant « Chez Le Blanc » ne furent pas non plus pour nous mêmes des inconnus. Ainsi les documents historiques et notariés relatifs à la maison dénommée « Chez Le Blanc » semblent répondre à la question : Pourquoi cette appellation de « rue Royale » au pays des Boutières."

     

    François Champelovier

    Remerciements à Roger Dugas pour le prêt du livre "Pierres parlantes de nos Boutières" et pour ses conseils.

    rue royale 5.jpg