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ruedespuces - Page 55

  • Les éphémères Galeries Ardéchoises de St-Martin

    Dans le résultat d’une recherche sur le site Web Gallica de la BnF, j’ai trouvé l’article ci-dessous concernant St-Martin. Il était dans l’édition du journal La Démocratie du Sud-Est du 25 avril 1909 (Journal édité à Lyon).

    « Un tour de force

    D'une petite tournée provinciale, un lecteur nous rapporte cette cueillette. Nous l’adressons à la Ligue sociale d’Acheteurs :

    « Un tour de force des Galeries Ardéchoises (place du Cadet, Saint-Martin-de-Valamas, Ardèche), c’est, de donner, pour « 40 francs » : un complet drap haute nouveauté, un chapeau dernière mode, une chemise blanche repassée, une cravate élégante, une paire de chaussettes extra, une paire de bottines élastique de Romans, un parapluie et une canne ».

    Ce sont les dites Galeries qui se glorifient elles-mêmes de la sorte.

    Tour de force ! Mais de quelle force ? Nous craignons beaucoup que ce ne soit, pour large part, celle de l’exploiteur sur le travailleur exploité ! »

    Le journal La Démocratie du Sud-Est, publié du 3 février 1907 au 28 novembre 1909 est devenu, le 5 décembre 1909, « Le Social », hebdomadaire démocratique fondé par la Fédération régionale des groupes d'études (aucune précision trouvée sur cette fédération). Il a paru jusqu’au 28 juin 1914 (Source : BnF-Gallica). Voici le premier paragraphe du premier numéro :

    « A tous ceux qui rêvent d’un meilleur avenir, à ceux qu’attire l’œuvre de justice et de bonté, à ceux que le travail courbe sur les tâches ingrates et sans joie, aux âmes demeurées libres sous le règne tout puissant de l’égoïsme et des haines, aux générations inquiètes qui s’éveillent à la vie, aux hommes de demain, nous dédions ce journal. »

    Mais où étaient ces « Galeries Ardéchoises » ? Un tel magasin n’apparaît pas dans les recensements de 1906 et 1911 (voir tableau des professions trouvées en 1906, 1907, 1911 et 1921) pour le quartier du Cadet et la rue de la Plaine qui y sont regroupés. Par contre on trouve un « marchand de confection » en 1911 ; profession de Daniel Ladreyt et de sa femme Marie. S’il est difficile de localiser ces galeries, elles devaient se trouver à l’intersection du Cadet que le journaliste a qualifié de « place ».

    tableau.jpg

     

    Les époux Ladreyt n’ont pas tenu très longtemps leur commerce. En 1906, Daniel Ladreyt était chef de gare à St-Martin depuis trois ans et sa femme receveuse au CFD. En 1913 il est cité avec la profession de secrétaire de mairie de St-Martin dans la liste des jurés de la première session des assises débutant le 10 février 1913 et on ne retrouve pas ce ménage dans le recensement de 1921.

    cp-quartier-cadet.JPG

    La carte postale Quartier du Cadet de Margerit Brémond datant probablement de cette époque donne quelques indications. On peut remarquer à droite le café Satin qui n’est pas signalé dans les recensements, et un charcutier épicier, probablement Rémy Héritier ; en face l’auberge Brolles et à gauche un autre commerce non identifié. Peut-être les Galeries Ardéchoises, éventuellement remplacées par le négoce de tissus que tenait Fanny Blaizac au Cadet ?

    La proposition d’habillement de ces galeries était-elle vraiment intéressante ?

    Il existe plusieurs site sur Internet donnant des possibilités de trouver des équivalences monétaires. En en utilisant plusieurs et en se basant aussi sur l’évolution du prix du pain, on trouve une échelle de correspondance allant de 125,73 € à 146,55 €.

    Marianne-Coq-1910-20_F.jpg

    Après une recherche de prix moyens dans une fourchette basse on peut faire les estimations suivantes :

    - un costume : 160 € - une chemise : 20 € - un chapeau : 30 € - une cravate 14 € - une paire de chaussettes: 4 € - une paire de bottines 40 € (élastique mais pas de Romans) - un parapluie 10 € (même si certains sont moins chers) - une canne  15 € ; soit un total de 293 €. (Mais vous pouvez trouver une autre évaluation).

    On pouvait donc venir en slip ou en caleçon dans cette boutique et en ressortir fringué comme un Milord, pour moins cher qu’aujourd’hui, mais, toujours comme aujourd’hui, au détriment de « travailleurs exploités » !

    Jean-Claude Ribeyre

  • Qu'est ce que le cirque des Boutières ?

                D'ordinaire, on nomme « cirque des Boutières » le vaste espace en amphithéâtre situé en contrebas de la Croix des Boutières. Cet espace s'étage au pied du rocher des Cuzets sur une largeur d'environ 2 km. C'est un ancien cirque glaciaire (d'où son nom) qui donne naissance à la Saliouse. Il s'étage sur 300 m de hauteur , de 1300 à 1600 m  et est parcouru par la D 410 et la D400 qui mène à la Croix des Boutières.

     

     Mais le terme de « Cirque des Boutières » a une autre acception qui s'applique à un ensemble beaucoup plus vaste, qui s'étale en demi-cercle de Saint-Agrève à la crête du Serre en Don. Ses limites sont le rebord du plateau , au nord, de Saint-Agrève au mont Signon, passant par Gourgouras et Créaux, notamment. Cette limite passe ensuite par le mont Mézenc et suit la ligne de crête et de partage des eaux Atlantique/ Méditerranée, jusqu'à Lachamp Raphaël en passant par le Gerbier de Jonc, se poursuit ensuite par Mézilhac et jusqu'au Serre en Don, avant de terminer au-dessus du Cheylard. La circonférence de cet immense espace est d'environ 50  km et il mesure 22 km dans sa plus grande largeur (Saint-Agrève/Mézilhac) . L'altitude varie de 1000 m (Saint-Agrève) à 1754 m (Mézenc) et 450 m (Le Cheylard). La superficie de cet espace est d'environ 200 km2 et il est limité à l'est par la vallée de l'Eyrieux (de Saint-Agrève au Cheylard).

    cirque des boutières.jpg

     

     Cet espace qui peut sembler chaotique au premier abord est en réalité structuré de façon extrêmement nette. Il est divisé  en longues lanières découpées par les rivières (Rimande, Saliouse , Eysse, Dorne) qui drainent ce secteur et orientées grosso modo ouest/est (ou SO/NE), toutes de longueur sensiblement égales (entre 20 et 25 km). On peut compter 4 de ces  crêtes allongées ( ou serres), en dehors du bord du plateau au nord, à savoir (du nord au sud):

    • Une comprise entre la Rimande et la Saliouse
    •  Une comprise entre la Saliouse et l'Eysse
    • Une  comprise entre l'Eysse et la Dorne
    • Une comprise entre la Dorne et le Talaron (même si celui-ci ne fait pas partie du cirque des Boutières.

     Ces serres, formées d'un socle granitique sont d'une largeur allant de 3 à 5 km, mais sont recouvertes d'une couche basaltique , surtout à l'ouest. L'érosion a emporté les parties les plus tendres (marnes , sables, cendres volcaniques, ne laissant subsister que des surfaces ou des éminences plus dures : necks, dykes, notamment pour chaque serre:

    • Le plateau basaltique  de Saint-Clément
    • Le suc de Touron, le Gouleyou, les roches de Borée, le rocher de Pialoux, le rocher de Soutron, Rochebesse.
    • Le pic de la Faye, le sommet de la Fare, le rocher de Duestre, le rocher de Brion
    • La pointe de Don , le Serre en Don.

     Tous ces sommets sont à 1000 m d'altitude ou plus, et les serres se terminent à l'Eyrieux par un talus abrupt de 300 à 500m de haut. Entre ces serres courent les vallées formées par les cours d'eau qui prennent leur source le long de la ligne de crête à 1200/1400m d'altitude. Ce sont des vallées sinueuses, souvent encaissées, dont les versants à l'ubac sont couverts de forêts, et les versants  à l'adret abritent cultures et habitations. Les quatre rivières principales  se jettent dans l'Eyrieux (rive droite) dans un secteur long de 15 km (entre Saint-Julien d'Intres et le Cheylard)

     

     NB: Pour bien se rendre compte de l'organisation du relief dans le cirque des Boutières, consulter la carte IGN n°2836 OT. On peut aussi se rendre sur certains sommets (Rochebesse, Soutron, Duestre...



                                                                Gilbert Verdier

  • Les vacances d'un premier de cordée

    La réforme des retraites se transforme petit à petit en discussions autour du travail et du temps libre. Ceci m'a rappelé une histoire qui traite de ce sujet :

    Un milliardaire Américain venu en jet privé dans sa résidence de vacances sur une île au large de la Sicile, s'accorde un moment de réflexion sur une petite plage. Il contemple un  bateau de pêche qui vient de s’échouer sur le sable. Le pêcheur, les pantalons retroussés jusqu’aux genoux saute dans l’eau et tire son bateau au sec à l’aide d’une corde. Le milliardaire, en mal de conversation, s’approche du pêcheur et lui demande :pêcheur.jpg

    -Alors, ils ne mordent pas, les poissons ?

    Le pêcheur, tout en continuant de fixer son bateau à un pieu, répond avec un regard étonné :

    -Si, pourquoi ?

    -Et bien, parce qu’il est deux heures de l’après midi et que vous rentrez déjà.

    -Je rentre déjà parce que j’ai pris assez de poissons pour aujourd’hui.

    - Si je vous comprends bien, mon cher ami, si vous aviez continué à pêcher vous auriez encore pu prendre des poissons ?

    - Oui, bien sûr.

    -Et bien moi, si j’avais été à votre place, je serais resté en mer pour prendre encore plus de poissons.

    -Ah bon, et qu’auriez vous fait de ces poissons ?

    -Quelle question ! Je les aurais bien sûr vendus.

    -Pour quoi faire ?

    -Pour gagner plus d’argent, bien entendu.

    -Et qu’auriez vous fait de cet argent ?

    -Je l’aurais mis de côté pour, plus tard, acheter un plus gros bateau.

    -Et que feriez-vous avec un plus gros bateau ?

    -Je pêcherais encore plus de poissons, je gagnerais plus d’argent avec lequel j’achèterais un bateau encore plus gros, j’engagerais du personnel qui travaillerait pour moi.

    -Et que feriez-vous pendant que les autres travailleraient pour vous ?

    -Je ne sais pas, je me reposerais, je ferais la sieste.

    -Et où croyez-vous que je vais de ce pas ? …C’est exactement ce que je vais faire !.

    François Champelovier