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ruedespuces - Page 54

  • Les bons mots à la bonne place

    Il y a quelques temps, j’ai vu passer sur Facebook l’annonce suivante :

    “A VENDRE LIT A BARREAUX POUR BEBE BLANC “………what ?????!!!!!!!!??????? Ma première réaction fut de rire, tant il m’a semblé évident que l’erreur de syntaxe n’était pas volontaire ; ma deuxième réaction fut de réfléchir à l’importance des mots, leur sens, leur place dans une phrase.

    A VENDRE LIT POUR BEBE BLANC illustre parfaitement comment une communication ambigüe peut prêter à confusion. Cette confusion peut conduire à des malentendus et à des préjugés. Les gens pourraient interpréter incorrectement que le bébé doit être blanc pour qu’on puisse acheter le lit, entrainant un sentiment de discrimination, et des suppositions sur la personne qui vend le lit. Le malentendu sur la couleur du bébé pourrait ainsi provoquer des tensions interpersonnelles si les personnes impliquées se sentent offensées ou mal comprises.

    La langue que nous utilisons est un outil puissant, capable de refléter notre compréhension, nos croyances, nos valeurs. Cet outil est tout aussi puissant dans sa capacité à influencer, unir, blesser. L’utilisation de termes inappropriés peut avoir des conséquences profondes sur des communautés entières. Il semble à peu près certain que dans le cas de l’annonce pour le  petit lit  tout le monde aura compris qu’il s’agit d’un lit blanc et que l’erreur de syntaxe n’a donc aucune conséquence. Méfions-nous néanmoins, les mots ont tous un sens, utile et puissant, ils sont le fondement de la communication, une communication verbale claire est essentielle pour la compréhension mutuelle. A l’heure actuelle, en raison de l’importance accrue portée aux questions de race et de justice, la manière dont nous communiquons a une importance capitale pour la construction d’une société plus inclusive, équitable et respectueuse. Ainsi employer à tort et à travers les termes “nazi” pour parler d’un patron qui n’accède pas à vos demandes, ou “dictature” pour parler d’un pays dans lequel on ne peut pas faire tout ce que l’on veut est totalement exagéré. L’utilisation excessive du terme “nazi” peut minimiser la gravité de ces crimes et porter atteinte à la mémoire des victimes. Qualifier systématiquement des dirigeants de “dictateurs” affaiblit le sens du terme.  Les coréens du nord ou les iraniens doivent bien rire lorsqu’ils nous entendent traiter nos politiques de dictateurs…. 

    Pour conclure, il me semble très important de choisir ses mots avec soin et de n’utiliser certains termes que lorsqu’ils correspondent à leur sens réel ; important aussi de veiller à ce que les jeunes générations arrêtent de s’appauvrir en vocabulaire et en expression, orale ou écrite. Un vocabulaire limité entraîne des difficultés à expliquer ses idées, à participer à des conversations ou comprendre des textes, donc la réussite scolaire s’en trouve limitée. Les bébés fournissent un bel exemple de la façon dont le manque de langage peut susciter de la colère, laquelle s’atténue au fil du temps grâce à l’apprentissage du langage, ouvrant la possibilité pour lui  de s’exprimer.

    Hélène Duchamp

  • Rue Royale

    A l'heure où des travaux sont en cours rue Royale, il nous a semblé intéressant de savoir pourquoi cette rue de Saint-Martin-de-Valamas porte ce nom.

    Nous avons trouvé une réponse dans le livre « Pierres parlantes de nos Boutières » écrit par Martine Valmas en 1967.

    Il semble que le roi Louis XIII ait voulu récompenser le seigneur Antoine Blanc de Mouline pour avoir combattu les protestants en lui offrant une maison à Saint-Martin-de-Valamas. Cette maison était de ce fait appelée « Chez le Blanc» et par extension peut-être "la maison Royale" . Par conséquence il était logique que la rue qui partait de cette maison soit nommée « rue Royale ».

    Voici donc ce qu'écrivait Martine Valmas :

    pierres parlantes.jpg"Entre l'édit de Nantes du 15 avril 1598, et l'assassinat d'Henri IV (14 mai 1610), le pays connut les bienfaits de la paix, et chercha à réparer les désastres. Dans cet intervalle, on ne signala guère, dans les hautes -Boutières que quelques voleurs de grands chemins qui furent arrêtés.

    A la mort d'Heuri IV, la situation redevint trouble. Un synode national des protestants fut tenu à Privas le 24 mai 1612. A ce propos un historien a écrit : « Il suffisait d'une étincelle pour rallumer la guerre. Cette étincelle, c'est à Privas qu'elle jaillit, et ce n'est ni la politique, ni la religion qui la provoquèrent, ce furent les beaux yeux de la dame de Privas. On sait que ce fut le mariage de Paule de Chambaud avec Claude de Hautefort de lestrange, le seigneur de Saint-Martial qui fut l'occasion de cette nouvelle guerre.

    Non seulement, la région de Privas en ressentit les effets, mais encore celle des Hautes Boutières, et le Cheylard redevint le centre d'agitation d'autrefois.

    Le 3 mars 1618, noble Antoine Blanc de Molines, sieur de Molines reçut commission du duc de Ventadour de mettre sur pied une compagnie d'infanterie pour combattre les protestants.

    13 juillet 1621 : Antoine Blanc de Molines se voit attribuer par Louis XIII une maison

    18 août 1874 : Auguste Le Blanc de la lignée d'Antoine, passe la vente de cette maison à la famille Coulomb, veuve Rousset de Saint-Martin-de-valamas

    24 octobre 1921 : Le Blanc de Chanéac de la lignée des de Molines, demeurant à Tours certifie que M. Félix Laffont époux Rousset habite bien dans la maison en question ;

    Ainsi le chemin pavé, partant de la route nationale 103 (D120), fut, on peut le supposer, dénommé « rue Royale » pour perpétuer le souvenir du don de Louis XIII à Antoine de Molines. Cette maison, depuis lors fut appelée « Chez Le Blanc ».

    Avant 1900, cantonniers et facteurs, voir Madame Morin-Latour n'avaient pas d'autre expression pour désigner la maison historique de notre chef-lieu.

    Les propriétaires des maisons avoisinant « Chez Le Blanc » ne furent pas non plus pour nous mêmes des inconnus. Ainsi les documents historiques et notariés relatifs à la maison dénommée « Chez Le Blanc » semblent répondre à la question : Pourquoi cette appellation de « rue Royale » au pays des Boutières."

     

    François Champelovier

    Remerciements à Roger Dugas pour le prêt du livre "Pierres parlantes de nos Boutières" et pour ses conseils.

    rue royale 5.jpg

     

  • Les Boutières : Contrastes climatiques

    Les Boutières (considérées comme le basin versant de l'Eyrieux) sont situées juste au sud du 45° parallèle nord : C'est à dire qu'elles sont en plein cœur de la zone tempérée. Elles bénéficient donc des conditions climatiques générales liées à cette zone. Pour autant, des facteurs viennent grandement perturber ou modifier ce régime général. Ils sont au nombre de deux, principalement :

    boutieres 2.JPG

    L'altitude tout d'abord : Région montagneuse, les Boutières ont un climat plus froid que ce qu'il serait en plaine, à latitude identique. Par ailleurs, cette altitude varie considérablement d'un secteur à l'autre des Boutières : De 100m au confluent de l'Eyrieux avec le Rhône, à Beauchastel, elle passe à 1754 m au Mézenc, à seulement 60 km de là, soit un dénivelé de plus de 1600 m ! On ne s'étonnera pas de constater des différences climatiques considérables dans les Boutières, liées à l'altitude. La basse vallée de l'Eyrieux (des Ollières à Beauchastel) jouit quasiment d'un climat de plaine, analogue à celui de la vallée du Rhône, dont la clémence est renforcée par des remontées d'air chaud méditérranéen par ce même couloir rhodanien, sensibles surtout en été, climat éminemment favorable à l'agriculture. A contrario, l'ouest de la région (Mézenc/Gerbier) située nettement au-dessus de 1000 m, est soumis à un climat montagnard rude (hivers longs, froids est neigeux) (1). Entre ces deux extrêmes, les Boutières, comprises entre 500 et 1000m ont un climat de moyenne montagne, assez sévère, mais plus ou moins tempéré par une certaine influence maritime (la Méditerranée n'est située qu'à 159 km)

    dolce via et eyrieux.jpg

     

    L'exposition : La vallée de l'Eyrieux, tout comme certaines de ses vallées adjacentes, est globalement orientée ouest/est (ou sud-ouest/nord/est pour les autres), ce qui fait qu'elle a deux versants principaux assez marqués : L'adret, qui est exposé vers le sud et l'ubac, qui regarde vers le nord. La différence entre les deux versants est souvent extrêmement nette : A l'ubac, les forêts, à l'adret, ensoleillé, les cultures et les habitations. Parfois elle est même spectaculaire : Après une chute de neige, le soleil revenu, l'adret est totalement dégagé de la neige alors que l'ubac en est encore couvert (d'un côté encore l'hiver, de l'autre le printemps!)

    On le voit : Climatiquement, les Boutières sont une terre de contrastes : Contraste entre les hautes montagnes et les basses terres (vallées) d'une part ; contraste entre les versants adret et les versants ubac de l'autre, d'où la diversité des paysages boutiérots.

     

    1. La différence est souvent frappante : Au printemps, la végétation peut être déjà fort avancée dans les basses vallées, alors qu'à quelques kilomètres de là, la neige recouvre encore les sommets.

     

    Gilbert Verdier