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ruedespuces - Page 109

  • Le Patronage à Saint-Martin-de-Valamas

    Au début, ce fut « la passion du théâtre » (première partie).

    « … En ce début de XXème siècle, l’envie nous prie de déployer nos talents sur une scène locale … »

    Voilà ce qu’imaginait, peut-être et mieux encore, le curé Méjean installé sur la commune de Saint-Martin de Valamas. 

    Oui, son idée était d’accompagner les jeunes et les moins jeunes vers des activités culturelles et sportives, de détentes.

    Initialement, le curé de la paroisse avait imaginé la construction d’un hôpital, mais la loi de 1905 sur la laïcité l’en dissuada. Il orienta alors son projet vers une activité théâtrale qu’il inscrivit dans le cadre d’un patronage.

    Nous sommes en tout début du XXème siècle, un théâtre nait avec la formation d’une troupe d’amateurs, de talents en devenirs, de passionné(e)s.

    S’exprimer par la voix, le geste ou le corps, peut-être la meilleure réponse aux bruits des bottes si proches, à cette envie d’en découdre sur la scène d’un théâtre et non d’un champ de bataille.

    Cette histoire que je rapporte ici, c’est Pierre qui me l’a racontée, à la maison, en ce mois de janvier froid et ensoleillé, en me livrant des dates, des noms et d’une manière générale l’ambiance de cette époque. Il est venu avec ses notes qu’il place sur la table.  Cette histoire est celle d’un bâtiment désigné sous le vocable « le patronage », qui vit défiler toute la jeunesse Saint-Martinoise. 

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    Ainsi, le curé concrétise son projet par l’achat du terrain puis la construction du bâtiment qui se situe au quartier de la Plaine. La rue est encore en terre battue.

    Son idée, créer un patronage paroissial. Un lieu où les jeunes du Bourg et ses environs puissent s’exprimer sur une scène théâtrale, dans un groupe musical, ou encore s’exercer à la gymnastique.

    En 1900, le terrain est acheté puis suit la construction du bâtiment, qui aura deux niveaux, visible encore aujourd’hui.

    La salle de spectacle sera située au niveau de la rue avec une scène placée « côté rue », un niveau intermédiaire reçoit la salle d’habillage, et le bas constituera la salle de gymnastique. Un escalier relie la scène à la salle d’habillage, disparu depuis.

    Les spectateurs pénètrent la salle de théâtre ainsi que les comédiens, par des portes dédiées accessibles depuis un balcon latéral au bâtiment. 

    A chaque représentation, une ouvreuse accueille les spectateurs et les accompagne.

    J’image facilement les rideaux fermés avant le début du spectacle, les comédiens s’habillant, alors qu’un brouhaha se répand dans la salle, des chuchotements surgissent par endroits, chacun voulant donner les dernières nouvelles à son voisin. Puis, par surprise, le brigadier frappe les trois coups, arrêtant net tout bruissement, tout chuchotement ; il n’y a pas besoin d’avertir le spectateur d’éteindre son smartphone, non évidemment ! c’est le silence, le public frémit, le rideau s’ouvre. C’est le basculement et l’imaginaire du spectateur se trouve emporté dans un autre monde… c’est le sixième art !

    Les jeunes du Bourg participent à cette initiative, tel Marc André qui marque les esprits par son talent d’acteur.

    Les pièces de théâtre de cette époque restent à découvrir, je me risque à imaginer « Poil de carottes » de Jules Renard, ou encore « Ubu sur la butte » d’Alfred Jarry. Il semble plus vraisemblable que se jouèrent des scénettes données par les élèves des écoles. En cela, avant-gardiste de l’introduction de l’expression orale dans nos Lycées d’aujourd’hui.

    Ainsi, des jeunes revenus du STO organisent à leur tour une représentation théâtrale de leur histoire vécue lors de leur séjour en Allemagne et, également, lorsque les prisonniers de guerre rentrent à la suite de leur libération.

    Dans la partie inférieure du bâtiment sur un sol de terre battue, le collectif créé un gymnase. Des barres parallèles sont installées ainsi qu’une corde, un trapèze, des barres fixes. Précurseur en cela de la salle de gymnastique actuelle installée dans les anciens bâtiments Laurent. Une salle moderne avec les accessoires de son époque fonctionne et offre aux jeunes un sport en salle. Ce n’est pas si mal !

    A cette époque, des représentations d’exercices de gymnastiques sont donnés, devant un public que l’on peut imaginer impressionné.

    Cette première moitié du XXème siècle se déroule avec ses malheurs funestes, ces deux guerres mondiales qui déciment le pays. 

    Arrive à cette même époque la modernité. Les arts de l’image sont apparus depuis quelques années. La photographie démocratise le portrait au regard de la peinture inaccessible pour une majorité de personne, le cinéma devient lui aussi accessible à tous.

    La suite au prochain numéro

    Texte et photos : Alain Roméas

  • Saint-Martin-de-Valamas en 1960 : Commerces, artisans et services

    Saint-Martin-de-Valamas en 1960 : Commerces, artisans et services

     

    Les rues de Saint-Martin-de-Valamas en 1960 offraient un visage bien différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. Pas seulement parce que la population était alors plus nombreuse et plus groupée dans le bourg. C'est surtout en raison du bien plus grand nombre de commerces et de services divers offerts alors aux habitants, nul besoin alors de se déplacer au Cheylard (ou à Valence, ou au Puy) pour se ravitailler ou s'équiper, tout (ou presque) était sur place : Alimentations, réparateurs divers, équipement de la maison, loisirs, habillement … On peut estimer à environ une centaine le nombre de boutiques et d'artisans implantés alors sur la commune : Près de 20 cafés, 8 épiceries, 4 boulangeries, 2 cordonniers, 6 garagistes (dont 2 dédiés aux deux-roues!) 2 quincailleries … Il n'est pas utile de tous les citer, on voit combien était dense le tissu commercial et artisanal. Notons quand-même, parmi ces services un photographe, une auto-école, un cinéma et deux médecins …

    Mais ou étaient donc toutes ces boutiques ?

    En fait, il y avait un axe commercial constitué par la D120, de la croix du Garail au carrefour du Cadet, prolongé par la D237 (direction Arcens) de ce même carrefour à la Placette, soit sur une longueur totale d'environ 700/800m. C'était là que se situaient les échoppes alimentaires, éléments essentiels de toute vie commerciale un tant soit peu conséquente et pérenne. Autour de ces commerces s'agglutinaient donc les magasins pour l'équipement (mobilier, appareils électriques) l'entretien (droguerie) cordonnerie, plomberie, à la personne (vêtements, maroquinerie, coiffure …) boisson, photographie, presse, cinéma, la santé (pharmacie, médecins). Bien sûr, il existait d'autres commerces ailleurs que sur cet axe, mais il s'agissait essentiellement de bars ou restaurants (Armanas, le Pont, la Gare, Crezenoux, le Planchet …) et bien sûr la Place, qui, à elle seule comptait 6 bars !

    Alors, que reste-t-il aujourd'hui de cette artère vitale de Saint-Martin-de-Valamas ?

    Bien sûr, le nombre de commerces a fortement régressé : de 16 alimentaires il est passé à 4, et les autres à l'avenant. Mais l'artère vitale n'a pas complètement disparu, les commerces restants continuent à se grouper autour de cet axe, contrairement à d'autres localités où ils ont largement migré à l'extérieur du bourg, vers les zones commerciales (le Cheylard).

    Une revitalisation de cet axe est donc possible, puisque certains services subsistent (Poste, cavistes, écoles, pharmacie, crèche, médiathèque). En tout cas, elle est la condition nécessaire à la renaissance du bourg de Saint-Martin-de-Valamas.

    Gilbert Verdier

  • La vieillesse prend le pouvoir

    Dans le Dauphiné Libéré du 27 janvier, un article faisait état du vieillissement de la population en Ardèche, et principalement « sur les plateaux qui indiquent la route du Massif central. ». Les recensements concernant Le Cheylard, Saint Agrève et Saint-Martin-de-Valamas montrent en effet une forte diminution de la population due à une différence entre les naissances et les décès . Pour Saint-Martin : « 6,6 naissances pour 1 000 habitants loin de contrebalancer le nombre de décès avec un taux de mortalité très important de 22,2 pour 1 000 habitants ». Si je me souviens bien, ce sont les jeunes qui font des enfants, donc, plus il y a de personnes âgées, moins il y a de naissances et moins il y a de naissances, moins il y a de jeunes ! C'est le contraire du « grand remplacement ». Le niveau de population ne reste stable que s'il y a un apport extérieur. Pour le Cheylard par exemple le taux de natalité est de 5,2 contre un taux de mortalité de 16 pour 1000 habitants mais il est dit dans l'article que « cela pourrait être pire, puisque le solde migratoire (entrées/sorties) reste positif. »

    Malgré la crise sanitaire qui a incité quelques citadins à s'installer à la campagne et malgré la promesse du haut débit on ne voit pas encore beaucoup de gens revenir dans les villages, la plupart de ceux qui ont acheté des maisons ces derniers temps ne s'en servent que comme résidences secondaires.

    Sommes-nous condamnés à un déclin inéluctable ?

    C'est enfoncer des portes ouvertes que de dire qu'il faut faire venir des industries sur notre territoire enclavé. Yaca ! C'est enfoncer des potes ouvertes que de dire que nous devons être plus attractifs. Fokon ! Que ce soit au niveau de la commune ou de la communauté de communes, nos élus se battent pour trouver des solutions mais, la concurrence est rude, nous ne sommes pas la seule région à assister à la désertification. Le fokon-yaka a encore de beaux jours.

    Alors, devons-nous être fatalistes ou chercher un nouveau mode d'emploi pour que « nozainés » puissent faire des enfants ? Ou bien attendre un hypothétique changement qui ferait revenir les citadins à la campagne : Un nouveau virus, un réchauffement climatique qui s'accélère ou une crise économique obligeant chacun à avoir un lopin de terre pour survivre ?

    Peut-être pouvons nous nous contenter tout simplement d'habiter dans une campagne où il fait encore bon vivre, dans un village où subsiste encore des commerces et des services : Une pharmacie, deux épiceries, deux boulangeries, un tabac /presse, un bureau de poste, une banque, une médiathèque, trois bars, un hôtel /restaurant, un médecin (avec comme partout des difficultés pour l'accueil d'un autre afin de venir lui prêter main forte), une maison de santé avec dentiste, kiné, infirmières, deux écoles, un service de l'ADMR et depuis peu une nouvelle boucherie. Sans compter de nombreux artisans, un tissus associatif dynamique et une Dolce via qui nous amène de plus en plus de touristes. Dans certaines régions de France beaucoup de villages avec la même population que le notre (aux environs de 1000 habitants) ne possèdent plus aucun commerce, plus aucun service.. Saint-Martin pourrait dire comme Talleyrand : « Quand je m'examine, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure. »

    Et puisque, comme le dit l'article du Dauphiné : « La vieillesse prend le pouvoir », faute de pouvoir faire des enfants, peut-être pourrions-nous, nous les vieux, nous organiser pour que ce pouvoir nous permette de continuer à vivre ensemble en bonne harmonie, loin de l'agitation des grands centres urbains en essayant de garder nos commerces, notre convivialité, nos services et, quelques jeunes. Y a plus qu'à !

    François Champelovier