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ruedespuces - Page 116

  • Editorial

    Les années se suivent et se ressemblent

     

    Dans le numéro de décembre de l'année dernière nous écrivions :

     

    C'était 2020 :

    confinement, masques, déconfinement

    milliards, morts, reconfinement

    gestes barrières, corona, terrorisme

    violences policières, islamisme

    crise sanitaire, séparatisme

    crise sociale, tests, complotisme

    black bloc, dettes, attestations

    réchauffement climatique, distanciation

    vaccins, sécurité, réanimation

    tests, couvre-feu, contaminations

    essentiel, covid, épidémie

    non essentiel, stopcovid, pandémie



    Cette année, nous pourrions peut-être enlever quelques mots à la liste comme: essentiel, couvre-feu ou attestation, mais nous pourrions ajouter : deuxième dose, troisième dose, omicron , élections, passe, identité, immigration, sécurité

    Il est à espérer que les fêtes de fin d'année nous fassent oublier un moment tout ça.

    Aussi « ruedespuces » vous souhaite un joyeux noël et une entrée agréable dans la nouvelle année.

    Dans ce numéro, les thèmes suivants : du ski en Boutières, des bouchons, les chemins de Compostelle, Saint-Martin autrefois, une rue des puces ailleurs qu'à St-Martin, l'accueil de réfugiés, une information étonnante, les auberges du quartier du pont et une suggestion pour la municipalité, ainsi que le programme de janvier de l'Université Populaire des Boutières.

    Bonne lecture

    François Champelovier

  • Saint-Martin-de-Valamas : Autrefois, un foyer industriel (1)

    Cela surprendra peut-être les plus jeunes, mais Saint Martin et ses alentours furent longtemps un foyer industriel important dans les Boutières (celles-ci étant elles-mêmes le siège de nombreuses entreprises -textiles notamment-). En effet, l'industrie s'y est implantée dès la fin du XIX° siècle, avec le textile et la bijouterie tout particulièrement. Et dans les années 50 et 60, pour rester dans une période que beaucoup ont connue, les industries étaient fort nombreuses dans le secteur et occupaient plusieurs centaines d'employés, grâce à la présence de trois rivières qui pouvaient fournir eau et énergie. En fait, l'activité se concentrait essentiellement dans deux branches: d'une part, le textile; d'autre part, la bijouterie.



    1. LE TEXTILE: il existait alors deux entreprises principales, mais qui avaient des activités bien différentes:

    • L'entreprise Laurent, avec deux usines: l'une, consacrée au tissage, qui occupait le bâtiment sis Rue des Baux (actuellement menuiserie Champ-Roux et garage municipal); l'autre, au moulinage située rue du Pont (actuellement salle polyvalente). Cette entreprise a fermé se portes en 1975, licenciant un nombre important d'employés.

    • L'entreprise Chomarat, dont le site était à Amarnas, près de l'Eyrieux, faisait de l'impression sur tissus (d'où parfois une rivière en aval fort colorée!) et occupait plusieurs dizaines de personnes. Elle a fermé ses portes dans les années 90 et a vu ses activités transférées au Cheylard, les locaux ne servant plus que d'entrepôt.

    • Il faut encore citer l'usine Poncet, située derrière la tour de la Varenne, qui traitait la soie naturelle et n'occupait qu'une poignée d'ouvrières  et qui a fermé en 1986 , ainsi que sa soeur « jumelle », l'usine Grand, du pont des Lièvres, fermée un peu plus tard (mais sise sur la commune de Chanéac)



    1. LA BIJOUTERIE: activité implantée depuis la fin du XIX° siècle à Saint Martin (2), elle était partagée entre deux entreprises:

                      -  L'usine Murat, dans ses ateliers du quartier du Pont, employait plusieurs dizaines d'ouvriers. Fermée au début des années 80, ses locaux sont actuellement occupés par l'atelier du bijou et l'office de tourisme.

                      - L'entreprise Legros occupait une usine rue du Garail (actuellement « La Nouvelle Manufacture ») employait plusieurs dizaines de personnes au cours des années 50 et 60, puis s'est agrandie plus tard avec un nouveau bâtiment contigu (aujourd'hui  occupé par l'entreprise Alinéa), avant de migrer dans les années 90 au hameau de Valamas dans des locaux uitra modernes. Aujourd'hui ne fonctionne plus qu'avec des effectifs réduits 

                     - N'oublions pas l'entreprise Rochette, située, elle, à Limis ( commune de Chanéac) qui travaillait l'or et n'employait qu'un nombre plus restreint de salariés. 



    1. Enfin, il faut signaler, aux alentours immédiats de Saint Martin:

    • L'entreprise Blanchard à Saint Julien d'Intres, spécialisée dans la passementerie, qui existe toujours et faisait travailler quelques dizaines de personnes.

    • L'usine Fimola à Arcens (textile) qui a fermé en 1977

    • La société productrice d'eaux minérales, aussi à Arcens, toujours très active. Il existait une autre société d'eaux au Bois Lantal, mais qui a cessé toute activité depuis.

    • L'entreprise textile Dufour , sise à La Chapelle sous Chanéac , fermée en 1976.(2)

     Au total, ces diverses entreprises occupaient plusieurs centaines d'employés, occasionnant une animation permanente dans les villages (et notamment à Saint Martin , où étaient regroupés les principaux commerces) aux horaires d'entrée et de sortie. A ce sujet, il faut remarquer que les usines  Laurent et Chomarat pratiquaient le travail en équipes (3x8), avec des prises de services à 5h , 13h et 21h, renforçant cette sensation d'animation. 



     Comme on peut s'en apercevoir à la lecture de leurs noms, ces entreprises étaient souvent familiales, les générations se succédant à leur tête, ce qui garantissait une certaine continuité et un attachement au pays. Ce lien familial rompu, ces entreprises eurent beaucoup de mal à se maintenir. Elles ont fermé les unes après les autres, ou ont réduit leurs effectifs, pour des raisons diverses: reprise par d'autres dirigeants, regroupement, concurrence, etc. Mais l'important est de voir quelles conséquences avait l'existence de ces entreprises sur la vie locale. Le recrutement des employés se faisait alors dans un périmètre restreint, de quelques kilomètres autour des communes concernées, dans les alentours immédiats, faute de moyens de transport: certains venaient tout simplement au travail à pied, d'autres à vélo, d'autres encore à vélomoteur (la « mob ») , à moto, beaucoup plus rarement en voiture. Ce n 'est que plus tard, au cours des années 60, que les véhicules motorisés (voitures) se répandant, que le recrutement s'est élargi à des  villages de plus en plus éloignés.. 

     Il faut remarquer également que ces usines étaient implantées dans le bourg même, à faible distance du centre ( la plus éloignée, l'usine Chomarat, n'était qu'à 1km de la mairie!). Toute cette population industrieuse contribuait , comme dit plus haut, à l'animation du bourg, notamment lors des entrées et sorties de services, dont les commerces locaux profitaient, les cafés particulièrement se situant à proximité des usines et offrant aux employés consommations et occasions de discuter avant ou après le travail.



      Le paysage industriel et celui de l'emploi étaient, aux alentours de 1960, bien différents de ceux d'aujourd'hui, où ne subsistent guère que la bijouterie, fortement réduite, à Saint-Martin, la passementerie à Saint-Julien d'Intres, les eaux minérales d'Arcens et quelques petites entreprises (Cypak à Arcens...). De plus, les usines ont souvent quitté le bourg pour ses alentours (Bijoux GL à Valamas) et le recrutement des employés s'est fortement étendu à l'extérieur des localités concernées. Fort contraste, donc, à soixante ans de distance. De village à dominante industrielle, Saint Martin est devenu plutôt un bourg résidentiel ( tout comme ses environs). Est-ce inéluctable? Faut-il le déplorer ou s'en réjouir? A chacun de se faire une opinion.



                                           Gilbert Verdier



    1. Nous parlons là évidemment d'industrie légère, et non de sidérurgie ou de métallurgie.



          (2)  Pour plus de précisions sur toutes ces entreprises, consulter l'ouvrage de Roger Dugua «  Saint-Martin de Valamas et ses environs d'hier et d'aujourd'hui » (  2002, Editions Dolmazon)



  • Départ pour une grande aventure

    Nous sommes au printemps 2017. Et oui, ça fait longtemps. C’était avant la COVID. Dire que cette période a existé… 

     

    Une collègue me demande de traduire en allemand des passages d’un guide qui part depuis Genève  sur les chemins de Saint Jacques en menant les pèlerins à différents grands départs : Le Puy, Arles…..

    Sans le savoir, elle nourrit un rêve vieux de quelques décennies : Marcher sur le chemin de St. Jacques, mettre mes pas dans ceux des milliers de personnes qui ont suivi cet appel – ou un ordre -depuis 1000 ans.  Je traduis et découvre donc des descriptions bien concrètes : des cartes avec leurs légendes, des adresses de gîtes, des variantes, des mots énigmatiques comme « donativo ». Tout un univers s’ouvre à moi dont celui des distances : 10km, 20 km, 35 km. Ah! Quand-même ! C’est long pour une promeneuse du dimanche. Mais plus je traduis, plus le chemin s’impose.

    Je cogite et j’en parle à ma collègue, mes fils et mon mari. 

    Les réactions sont bien différentes.  Cela va de de l’enthousiasme et des encouragements jusqu’au doute, des conseils de matériel jusqu’aux conseils de très grande prudence.

     

    J’opte pour l’enthousiasme et la réflexion sur le matériel. 

     

    Je ne possède rien de valable pour un projet pareil. Mes chaussures de marche permettent tout juste quelques heures de balade sur un terrain facile. Quand je les ai achetées, je ne savais même pas qu’il fallait prendre une pointure de plus.chaussures.jpg L’existence de chaussettes spéciales  - quelle découverte ! L’achat du sac à dos doit suivre des critères  spécifiques ? Très bien.  sac a dos.jpg Des bâtons ? Mais comment ça, des bâtons ? Deux en plus ? C’est mieux ? Ah ! D’accord. 

     

    Et quels habits ? 

    Quel type de pantalon ? De t-shirt ? De sweat ? Combien de chaque ? 

    Y a t-il des matériaux spéciaux qui sèchent plus vite ? Quelle cape de pluie ? 

    Ma collègue -généreuse – me prête tout ce qu’il faut en un exemplaire -sauf les bâtons : j’en aurai deux. De mon côté, je scrute attentivement les étiquettes dans les magasins de sport et écoute les conseils d’un vendeur concernant les chaussures. J’acquiers un sac à dos tout neuf que je teste sur les conseils de mon fils pendant trois heures à la maison en faisant la cuisine, le ménage et de l’ordinateur - chargé de 10 kg sous forme de bouteilles d’eau et de serviettes de bain. Génial. Je peux le garder. 

     

    Autre grande question : Partir d’où ? De Paris ? Arles ? Le Puy ? Vézelay ? 

    Ma collègue, intransigeante, m’ordonne presque : « Depuis chez toi ! Les pèlerins partaient tous de chez eux dans le temps. » Partir de  Portes-lès-Valence ne m’enchante guère. « Vous n’avez pas une petite maison à Saint Martin de Valamas ? - Si.- Tu l’aimes bien ? - J’adore ! - Alors, tu pars de là. Il faut partir de chez toi !» Moi, la « Pas d’ici », je décide donc de partir de notre petite maison de la rue des Puces – mon chez-moi ici. Tout naturellement, cela m’amène sur la voie du Puy. 

    En octobre 2017, après plusieurs mois de réflexion, après une dernière semaine de préparatifs détaillés où le salon est envahi de sachets et sacs de différentes tailles pour les divers contenants que je change, rechange, inspecte, ré-inspecte, pèse, repèse, me voilà fin prête pour partir avec une  amie depuis Saint Martin. Il fait beau, le ciel brille d’un beau bleu et le soleil chauffe. Les arbres ont déjà mis leurs habits colorés. Notre premier tampon sur la crédencial qui témoigne des étapes parcourues vient de la mairie de Saint Martin, notre première petite carte pour rejoindre le chemin balisé par une coquille de l’office de tourisme – un don de François. Nous descendons la rue des Puces, traversons le pont de l’Eyrieux et grimpons la colline en face du village.  Saint Martin s’éloigne, se blottit dans sa vallée, et rapidement, nous ne le voyons plus. Le début d’une belle aventure s’offre à nous!

    Depuis l’automne 2017, j’ai marché plusieurs fois 8 jours sur le chemin de St Jacques, tantôt seule, tantôt accompagnée. Les confinements et certains autres évènements ne m’ont pas permis d’avancer comme je l’aurais voulu, mais chaque étape apporte l’excitation du départ, le bonheur des rencontres, la méditation de la marche, la joie des beaux paysages, la confiance, le lâcher prise. Le 30 octobre 2021, je suis arrivée à Arzacq-Arraziguet dans les Pyrénées atlantiques. 

    Le vécu du chemin parcouru m’accompagne souvent. Le temps passe si vite. Je suis heureuse d’avoir suivi le conseil de ma collègue : être partie de chez moi. Les premiers pas, je peux les refaire souvent. Cela m’ enchante chaque fois de nouveau. Saint Martin n’est pas seulement mon refuge du quotidien, de la ville, de beaucoup de monde, c’est aussi le départ pour la réalisation d’un vieux  rêve qui a accompagné presque toute ma jeunesse. 

     

    Christiane Behnke