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ruedespuces - Page 158

  • Borée : Evolution démographique d'une commune de montagne

      Borée est un exemple presque parfait d'une commune de la montagne ardéchoise, comprise entre une altitude de 850 m et 1754 m (mont Mézenc), elle est quasi entièrement située au-dessus de 1000 m (mairie à 1120 m).

     Certes, il y a d'autres communes du secteur qui peuvent prétendre à ce titre, La Rochette ou Saint Martial, mais elles se situent tout de même par leur population à des altitudes nettement plus basses  (vers 800 /900 m); Saint Clément, bien sûr, mais elle toujours eu une population moindre et est donc  moins significative...Non : Borée est vraiment le meilleur exemple de commune montagnarde du secteur.

     Au préalable, il faut savoir que cette étude sur la population de Borée débute seulement en 1856. En effet, avant cette date, Borée et La Rochette ne formaient qu'une seule commune, qui groupait alors plus de 2000 habitants ! La Rochette s'étant à cette date constituée en commune autonome, Borée a perdu d'un coup plus de 500 habitants ( soit ¼ de sa population). Borée ayant des limites stables depuis cette date, il est possible d'étudier correctement l'évolution démographique de la commune de 1856 à nos jours.



      Borée au XIX° siècle :une vigueur démographique exceptionnelle

     La densité de population en 1856 dépassait les 50 habitants au km2. Densité tout à fait extraordinaire compte tenu des conditions naturelles de la commune (altitude élevée : moyenne 1200/1300m, relief escarpé, climat rude-en hiver notamment-).Et c'est d'autant plus remarquable qu'à l'époque, l'âge moyen de décès en France se situait , compte tenu de la forte mortalité infantile, autour de 32 ans. Il fallait donc que le taux de natalité soit extrêmement élevé pour compenser les pertes. Si l'on excepte les secteurs de la commune trop élevés (au-dessus de 1400 m) ou trop abrupts (cônes volcaniques), on peut donc dire qu'il y avait du monde partout, dans le moindre hameau ou écart.Les secteurs les plus peuplés étaient, outrele bourg centre, le secteur d'Echamps, les hameaux de Prévenchères, la Bâtie, Molines,tous endroits bien exposés ( à l'adret) et offrant des surfaces cultivables planes et surtout très fertiles, grâce au sol d'origine volcanique. 

     En fait, tout au long du XIX° siècle, Borée était probablement à l'extrême limite de ses capacités d'alimentation de sa population. 



     La période qui nous occupe (1856 – 2020) peut se décomposer en trois phases: 

      1)de 1856 à 1896: c'est une période de « hautes eaux »; la population se maintient autour de 1300/1400 habitants. Cependant, entre 1856 et 1876, c'est d'abord un moment de baisse forte : - 17% ( 250 habitants) , dû aux séquelles de  la séparation d'avec La Rochette. Incontestablement, Borée a alors subi le contrecoup du divorce, mais c'était conjoncturel. A noter toutefois que La Rochette a nettement moins souffert de cet épisode: sa population se maintient entre 500 et  600 habitants jusqu'en 1906.

     Entre 1876 et 1886, Borée reprend de la vigueur pour atteindre ses plus hauts niveaux (1420 habitants en 1886) 

     De 1886 à 1896, la population baisse légèrement mais se maintient au-dessus de 1300 habitants.

    2) de 1901 à 1999 : c'est le siècle du dépeuplement ( qui n'est pas spécifique à Borée: tous les villages des Boutières sont touchés et même tous les villages de la montagne ardéchoise, mais Borée l'est tout particulièrement puisque sur un siècle, la commune perd 90% de sa population (soit près de 1% par an en moyenne) !. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce dépeuplement n'a pas commencé après la guerre de 14-18, mais avant, à peu près au tournant du siècle, et même bien avant pour certaines communes, mais il n'a plus cessé jusqu'en 2000. Ce dépeuplement  peut avoir plusieurs causes qui se combinent entre elles, voire qui font boule de neige:

      - départ d'une partie de la population (certainement jeune) qui a soustrait à la commune une partie décisive de « bras » pour l'agriculture et l'artisanat.

      - baisse de la natalité, consécutive à  ce exode de la jeunesse.

      - hausse de la mortalité, ne restant sur place ceux qui ne peuvent plus partir (personnes âgées)

    3) de 2000 à 2020: la population paraît se stabiliser, voire remonter légèrement ( autour de 150 habitants). Il est trop tôt pour tirer des conclusions et parler de repeuplement, mais il semble que la dégringolade soit stoppée.



    Quelle perspective démographique pour Borée? 

      Durant le XIX° siècle, Borée était alors au maximum  de la  population qu'elle pouvait accueillir, compte tenu des conditions naturelles et des méthodes de production agricoles d'alors. Aujourd'hui, cette population est à son minimum, qui ne lui permet guère de maintenir une vie économique, sociale ou culturelle satisfaisante ( la période d'été, avec son apport de résidents secondaires, ne saurait faire illusion). Pour retrouver une vie collective digne de ce nom, une augmentation sensible de la population est impérative, et entre le minimum d'aujourd'hui et le maximum d'hier, il y a place pour un optimum démographique, qui, tenant compte du bien-être de la population (logement, équipements modernes) et les possibilités agricoles (l'espace ne manque pas et les techniques nouvelles non plus), permettrait à Borée de redevenir une commune vivante et attractive (1).



    (1) Cet optimum démographique peut être estimé entre 500 et 700 habitants, sachant que tous les lieux jadis occupés ne pourront pas être réinvestis ( trop isolés, trop difficiles d'accès...)




           Gilbert  Verdier

  • Les « Coeurs vaillants » 1957.

    Un ami m’a transmis récemment une photo que je ne connaissais pas.

    Elle a du être prise autour de 1956 ou 1957 puisque les enfants qu’on y voit me paraissent avoir une dizaine d’années. Et j’y suis moi même présent.

    (Dans le fonds de la photo, avec de grandes oreilles.) 

    Heureusement pour le physique play-boy à venir, elles ont arrêté de grandir et gardé la même taille qu’à mes dix ans, c’est toujours ça de gagné, ça s’est équilibré avec le reste.

    Sur cette photo, on retrouve les enfants qui faisaient partie du groupe des « Coeurs Vaillants de Saint-Martin de Valamas ». 

    Les « coeurs vaillants » c’était un mouvement catholique, géré par des ecclesiastiques, fonctionnant un peu sur le modèle des scouts de Baden Powell, mouvement non confessionnel.

    Peut-être pour en être un genre de concurrence catholique au scoutisme  ?

    En tout cas son action, très louable, était d’encadrer les enfants et de leur proposer une occupation les jeudis après-midi. A cette époque, c’était le jour où il n’y avait pas école.

    Je ne m’étais, jusqu’à revoir cette photo, jamais posé la question de la création et de la permanence de ce mouvement, tant sa légitimité et sa pérennité me paraissaient évidentes et éternelles. 

    Mais même les solides institutions, comme les entreprises, les associations et  les partis politiques sont mortels et je n’ai plus de nouvelles des « coeurs vaillants ». Je n’ai pas l’impression que ça existe encore.

    M’être replongé dans ce passé charmant, va déjà me permettre de témoigner ici ma gratitude rétrospective aux encadrants de ces jeudis ludiques. Et souligner la profonde abnégation et la sollicitude manifestée par ces jeunes abbés ou frères maristes à s’occuper des petits  « coeurs vaillants » du village. 

    Et de leur témoigner mon admiration pour les avoir distraits et formés aussi solidement. Les jeudis tout au long de l’année scolaire, puis les emmenant en « camps » genre de colonies de vacances sous la tente, au mois d’août.

    A ceci près que camper sous une tente canadienne, au pied du Mezenc, où la nuit le gel n’est jamais loin, même en été, pour un petit « coeur vaillant » il vaut souvent mieux dormir tout habillé dans son duvet.

    J’en ai encore des souvenirs frigorifiés…

    Et à cette époque de nombreux enfants faisaient partie de ces troupes innombrables de baby-boomers qu’il fallait occuper toute l’année. 

    Rares étaient les familles, qui en été, partaient ailleurs en vacances. Du reste quand on a la chance de vivre dans les Boutières, on n’a pas trop d’intérêt à aller faire le touriste loin de la région, on y est si bien. 

    Et ça nous paraissait évident à l’époque, et peut-être pour nos familles également, qu’on s’occupe autant de nous (gratuitement). 

    Pendant l’année scolaire les frères maristes nous faisaient la classe, les jeudis les abbés nous emmenaient jouer au foot au « pré-rond », ou se baigner au « gour des petits », ou courir la montagne vers Baruse ou la pinée Bouchet. Et l’hiver faire de la luge dans les près.

    Rétrospectivement on peut se dire qu’il leur fallait une sacrée vocation, à ces jeunes ecclésiastiques qui nous encadraient, pour nous consacrer autant de temps. Ils auraient peut-être eu envie, le jeudi de se reposer ou de faire autre chose de leurs loisirs. Par exemple bouquiner ou écrire à leur famille, ou encore se promener tout seuls sans avoir à surveiller une marmaille intrépide. « Coeurs vaillants » jamais en repos, grimpant partout, escaladant les murs du Château de Rochebonne pour atteindre le donjon, grimpant dans les sapins et galopant dans les bois ou sautant de pierre en pierre pour traverser les rivières. Se fabricant des épées avec des bâtons pour jouer aux trois mousquetaires au risque de s’éborgner.

    (Ces encadrants emmenant même à l’occasion ces jeunes, campant à Chaudeyroles, braconner dans le Lignon, mais… chut. Et de toute façon il y a prescription).

    Imaginez le scandale que ça ferait de nos jours dans les réseaux sociaux : des curés incitant des enfants à enfreindre la loi pour attraper des truites à la main.

    Mais cette noblesse ecclésiastique locale était nombreuse dans le village, aussi bien en abbés, archiprêtres ou curés qu’en « frères maristes » et soeurs garde-malades.

    Ces accompagnateurs, c’était pour nous des référents éducatifs adultes à qui il fallait obéir sans discuter. Nous étions turbulents mais pas contestataires, déconneurs (j’ai failli dire « sots » mais le mot n’est plus trop usité) mais respectueux et polis. Et rétrospectivement quand j’y pense j’ai une pensée reconnaissante pour ces jeunes frères maristes ou abbés qui devaient avoir entre 20 et 30 ans et qui avaient décidé, j’espère de leur plein gré, de consacrer leur vie à la religion et à la prière. 

    Et qui par le fait travaillaient 24h sur 24. 

    Quand on est curé on l’est par vocation et en permanence. Et pour aller donner l’extrême-onction à un malade on peut être requis à n’importe quelle heure, jour et nuit.

    Et sous la surveillance active des ouailles, on ne peut se laisser aller à aucun écart festif, à part peut-être, pour l’archiprêtre un petit pastis chez Dédé Pizot le dimanche midi après avoir dit la messe. Mais c’est bien tout.

    Et pour les jeunes abbés, en plus de leur charge ecclésiastique, la mission de s’occuper d’enfants… obéissants certes, mais quand même pas mal intrépides une fois lâchés dans la nature.

    Et quand en disant leur messe, ils devaient entonner le dimanche à l’Eglise le cantique « tu es mon berger oh seigneur » ils devaient aussi penser à leur rôle dans le gardiennage du troupeau de « coeurs vaillants » du jeudi après-midi.

    Sur cette photo, on voit une trentaine d’enfants, tous de Saint-Martin de Valamas. Un groupe homogène où tous ces jeunes ont à peu près le même âge. Au maximum trois ans d’écart. C’est à dire nés entre 1946 et 1949. Et je ne parle que des enfants qui allaient à l’école des frères. Je ne vois pas, dans aucune de ces trois équipes sur la photo, les jeunes du village qui fréquentaient en même temps l’école laïque. Il ne me semble n’y avoir que des jeunes de l’école libre. Dites moi si je me trompe.

    Ça veut dire, pour faire un peu de statistique, qu’au niveau population qu’on voit sur la photo, environ une trentaine d’enfants, on pourrait en doubler le nombre en rajoutant ceux de l’école laïque. Et peut-être arriver au chiffre approximatif d’une soixantaine de garçons du même âge dans le village au cours de ces années là. 

    Et à ce chiffre rajouter sans doute un nombre égal de filles. Celles-ci allant à l’école à « l’Asile ».

    Preuve statistique et évidente que dans ces années d’immédiat après-guerre il y avait eu un formidable boom des naissances dans le village.

    Quand je prends connaissance actuellement dans le journal « Terre Vivaroise » d’une naissance à Saint-Martin de Valamas, j’en suis tout content. Car cela me paraît d’une si grande rareté, que je me surprends alors à penser « les affaires reprennent ». 

    Sans doute les bébés naissent-ils à présent dans les maternités d’autres villages et sont-ils comptabilisés ailleurs. Et dans ces régions, au faible niveau démographique chaque naissance est précieuse, surtout pour faire l’équilibre avec les décès, qui eux, hélas ne font pas de pause.

    Entre 1945 et 1955, je me dis que ça devait être presque toutes les semaines qu’on accueillait un nouvel administré (bébé) dans le village, la plupart du temps né dans la maison de famille, leur maman accouchée par le docteur Figuel ou le docteur Teilhou.

    (A suivre dans le prochain « rue des puces »)



    Georges Verat

  • Santé Canton des Boutieres

    « L’évolution de l’offre médicale dans le canton des Boutieres s’avère de plus en plus préoccupante. L’accès aux soins de proximité est devenu très difficile et les perspectives d’avenir sont inquiétantes. Qui aurait pu envisager il y a quelques années qu’en 2021 on ne trouverait plus de médecin généraliste à St Martin de Valamas et dans les proches communes ?. 

    Cette situation n’est pas spécifique à notre canton mais elle est devenue vraiment critique.

    Le risque de n’avoir bientôt plus de soins médicaux et peut être même plus de Pharmacie pour dispenser les médicaments à st Martin est une réalité à envisager à court terme.  

    Faut il le prendre comme une fatalité ou réfléchir à une action commune qui seule permettra peut-être de trouver des alternatives à cette désertification. 

    J’ai envoyé  un mail et une lettre à tous les maires de l’ancien canton de St Martin soit 10 communes pour les inviter à engager dans les plus brefs délais une réflexion commune.

    A ce jour 5 communes ont répondu favorablement à mon courrier LA CHAPELLE SOUS CHANEAC , LA ROCHETTE,  BOREE , SAINT CLÉMENT ET SAINT JEAN ROURE.

    Un courrier explicatif complémentaire a également été envoyé au Président de la Communauté des Communes à qui je demande de lire cette lettre en Conseil Communautaire le 15 février soit le même jour que le Blog de la rue des Puces.

    Il est de la plus grande importance que la maison de Santé Communautaire de St Martin de Valamas trouve toute sa place dans un nouveau dispositif à inventer. 

    maison de santé.jpg

    Notre santé et celle de nos enfants est une cause commune. Nous sommes tous concernés, élus, familles, amis, voisins.  Si nous restons inactifs et si nous ne sommes pas solidaires nous serons condamnés à subir. Nous n’avons donc rien à perdre. »

    Didier Rochette