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ruedespuces - Page 156

  • Saint-martin-de-Valamas : Les modifications du paysage, 1950-2020

    Les transformations du paysage sont souvent insensibles d'une année sur l'autre. Mais sur une longue période, elles sont souvent flagrantes. On peut classer ces transformations selon qu'elles concernent la nature (essentiellement  la végétation) ou les réalisations humaines (constructions, disparitions...), même si la distinction n'est parfois pas aussi nette qu'il y paraît. Et en septante ans, la commune de Saint Martin a bien changé.

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      A. LES MODIFICATIONS DU PAYSAGE NATUREL: Lorsqu'on regarde une carte postale de la commune en 1950 et qu'on la compare avec le paysage d'aujourd'hui, il apparaît nettement un fait: la forêt a gagné du terrain , notamment sur les hauteurs. Cette avancée de la forêt est due pour une bonne part aux plantations de pins « Douglas » effectuées dans les années 1960 et aujourd'hui arrivées à leur plein développement. On observe aussi une généralisation des landes (genêts, ronces, arbustes divers, plantes herbacées..., au détriment parfois des feuillus. 

     Le pendant de cette avancée de la végétation forestière et sauvage est évidemment une régression des terres agricoles, et particulièrement des terrasses (« chambas ») les plus éloignées des habitations , les plus difficiles d'accès ou les plus arides. Subsistent des terres dédiées à l'élevage caprin ou ovin (les bovins ayant pour ainsi dire disparu de la commune). Les seules terres agricoles restant sont certains fonds de vallée plats et quelques terrasses où l'arrosage est possible, mais les vergers ont eux aussi quasiment disparu , à l'exception de la châtaignerie ( mais aussi en voie d'abandon.



       B. LES MODIFICATIONS DU PAYSAGE URBAIN : malgré une baisse importante de la population communale entre 1950 et 2020 (-35%), on observe un espace urbanisé en extension, avec l'apparition de constructions dans des secteurs autrefois vides d'habitations:tels sont les quartiers de la Croix-la-pierre, de la gare, des Horts...tandis que certains hameaux se voient renforcés: Valamas, Crezenoux, la Teyre, Nant, le Bourget... Cette extension se fait sur des espaces situés à proximité des voies de communication (voiture oblige). Parallèlement, on observe une désaffection pour les hameaux ou écarts les plus éloignés ou les plus mal desservis:la Romane, Trenc, Dornebessac...

     On note également depuis les années 60 une certaine désertion du centre du bourg ( au profit des hameaux évoqués plus haut, mais ce n'est peut-être pas inéluctable. Enfin, il faut surtout remarquer la régression des espaces industriels: même si les bâtiments sont toujours là, ils sont affectés à d'autres fonctions.



      CONCLUSION Au cours des 70 dernières années, le grand perdant sur la commune est l'espace agricole (abandon des terres) au profit de la forêt et des landes d'une part , et d'autre part  de l'espace urbanisé (habitations) . Inévitable, ou peut-on renverser la vapeur ?



                                                         Gilbert Verdier



       ANNEXE: Les grandes modifications de  l'espace urbain (1950-2020) sur la commune de Saint Martin de Valamas:



      -Disparition de la gare et de ses dépendances (bâtiments, voie ferrée)

      -Plan d'eau et stade de Champchiroux

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      -Camping de la Teyre

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      -Elargissement du carrefour du Cadet

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      -Lotissements de la gare et des Horts

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      -EHPAD « La Cerreno »

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     -Extensions du cimetière

     -Parkings du cimetière et route des Horts

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     -Usine « Altesse » de Valamas

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     -Maison de santé

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     -HLM de Champchiroux

    -La Maison Murat devenue Atelier du Bijoux et aménagement du carrefour

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      -Caserne des sapeurs-pompiers du Gua

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    Gilbert Verdier

  • Philomène Magnin :

     

     

    Philomène Magnin, personnage connue pour être à l'origine des EHPAD, née à Lyon. Elle est enterrée au cimetière de Saint-Martin de Valamas.

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    Elle est la fille de Claude et Emilie Philomène Hilaire.

    Certains saint-Martinois et Saint-Martinoises se souviennent encore avoir entendu parler de Philomène par leurs parents.

     

    Nous reproduisons ici un article du Dauphiné Libéré rédigé par Jean Dussaud :

     

    C’est un livre écrit par Michel Loude, aux éditions Jacques André. Il retrace l’action de Philomène Magnin à Lyon auprès des plus grands, en faveur des plus nécessiteux.

    Issue d’une famille des environs de Saint-Martin-de-Valamas par sa mère, elle-même petite bergère à 5 ans, taillable et corvéable à merci, ne sachant ni lire ni écrire qui a réussi à «s’expatrier» à Lyon en quête d’un sort meilleur. Philomène a dès son enfance en 1905 connu la précarité. Orpheline de père en 1911, commence pour elle le dur apprentissage de la vie. Dès son entrée à l’école des religieuses, elle a eu à subir les vexations et les insolences des enfants de famille plus huppées. Elle en gardera un sentiment indélébile d’injustice et de révolte. Sa mère, solide paysanne, travaillait dur pour la maintenir à l’école tout en lui communiquant une foi irradiante qu’elle a gardé sa vie durant. Appartenir à la communauté chrétienne était vital pour Philomène. Elle y puisait une force, un rempart, même si son charisme n’était pas celui des bigots. Son christianisme était de fraternité, de social, de lutte contre l’injustice, d’actions pratiques en faveur des pauvres gens, tout en aimant la fête au «patro» où elle apprenait le chant et la comédie.

    Adolescente militante et responsable

    A 14 ans, elle débute dans la vie professionnelle. Elle assiste à des conférences concernant la vie syndicale sur le thème : « les femmes exploitées dans le monde du travail ». Enthousiasmée, elle adhère à 15 ans à la CFTC. Son crédo est la lutte pour se former et se battre, mais encore s’instruire, comprendre,  progresser. De 1919 à 1944 elle engrange les connaissances, défend les intérêts des «dévideuses en soierie», réclame de meilleures rémunérations, essaie d’obtenir une convention collective. Philomène se jette dans les textes de lois, épluche les codes, ses interventions syndicales sont appréciées et le patronat apprend à la connaître. Elle devient peu à peu une femme publique par son dévouement, sa droiture politique et sa disponibilité.

    Après la Libération, elle est élue au conseil municipal de Lyon puis au conseil général du Rhône. Son infatigable action s’oriente surtout vers les chômeurs, les orphelins et les vieillards dont la situation est très souvent catastrophique. Elle devient adjointe au maire et administrateur des hospices civils de Lyon. Soutenue par le président Edouard Herriot, elle conçoit l’idée de maisons de retraite pour ces personnes âgées qu’elle voit humiliées et esseulées. Elle crée la toute première : «Ma demeure» pour recueillir, soigner et nourrir tous ces concitoyens qu’elle dit : «avoir le droit de vieillir dignement». «Ma demeure» sera désormais une référence dans le domaine de l’accueil des personnes âgées. Ce sera l’aboutissement de la grande œuvre de toute sa vie.

    Son action publique fut un sacerdoce au service des autres. Elle mourut en 1995 et repose au cimetière de Saint Martin de Valamas.

     

    En complément de cet article, nous publions un document de Michel Loude de 2004 « L'aube des citoyennes »  (Michel Loude est écrivain et biographe de Philomène Magnin)

     

    En 1919 elle adhère à la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC), qui vient d’être fondée.

     Elle suit les cours de formation donnés par La Chronique Sociale et par l’Ecole Normale Ouvrière de la CFTC.

     En 1924 elle secrétaire de la section « employés de commerces » du syndicat.

     En 1936 elle est déléguée syndicale et devient membre de l’Union Départementale du Rhône de la CFTC.

     Atteinte de la tuberculose, elle est contrainte de se reposer quelques mois.

     En 1935 elle trouve un emploi au journal de la basilique, L’Echo de Fourvière (1953-1943), puis au magasin de l’Œuvre de Fourvière.

     Pendant la guerre elle fait partie du Comité de Coordination d’Action Chrétienne (CCAC), membre de la Résistance.

     En 1944, elle est désignée par la CFTC comme membre du Conseil municipal provisoire de Lyon présidé par Justin GODARD.

     En 1945 elle est élue conseillère municipale de Lyon et le reste jusqu’en 1977, en charge des affaires sociales.

     Elle est administratrice des Hospices Civils de Lyon de 1944 à 1959.

     Elle est conseillère générale du Rhône de 1945 à 1949. Aux élections de 1949 elle refuse certaines voix de la Droite locale et est battue. Elle redevient conseillère générale de 1961 à 1985.

     Elle devient aussi conseillère à la Communauté Urbaine de Lyon de 1969 à 1977 et conseillère à la Région Rhône-Alpes de 1973 à 1976.

     Chargée des questions sociales, elle innove avec Ma Demeure, une maison de retraite constituée d’appartements pour personnes seules ou en couple et de services communs, pour les soins, la restauration, les loisirs, maison qui servira de modèle pour l’hébergement des personnes âgées. Cette réalisation fut la première maison de retraite médicalisée en Europe.

     Elle participe durant sa carrière publique à la mise en œuvre des politiques d'aide sociale à l'enfance, de réinsertion sociale des jeunes ou des adultes, etc.

     Son expérience des combats des femmes l’amène à prendre des positions audacieuses contre l’opinion parfois de son électorat et du monde catholique. « Il fallait une dose impressionnante de courage pour cautionner, dans les années 70, les projets du planning familial, les lois Neuwirth sur la contraception, les lois Weil sur l’avortement » (LOUDE, p.116).

     Elle se retire en 1983 à Ma Demeure où elle meurt en 1996.

     Par son itinéraire et son action, elle représente cette part des « chrétiens sociaux » du diocèse, qui ne sont pas issus de la bourgeoisie lyonnaise et qui partagent avec d’autres, « qui ne croient pas au ciel », la volonté de réduire les inégalités sociales et de bâtir une humanité plus fraternelle.

     

    Une rue de Lyon ainsi qu'un lycée portent son nom. A quand une rue Philomène Magnin à Saint-Martin-de-Valamas ?

     

    Merci à Georges Verat pour nous avoir signalé ce fait et pour son aimable collaboration et à Jean Dussaud qui nous a permis de reproduire son article.

  • Douglas et coupes rases

    Dans le dernier numéro de ruedespuces, Christiane Behnke a déploré la destruction du paysage par les coupes rases. Les bois de douglas qui nous entourent ont souvent été plantés dans les années 60 ou 70 avec des subventions de l'état. Ces arbres sont arrivés à un stade où leur exploitation est rentable d'autant plus que ces dernières années, la demande est grande.

    Depuis les années 50 le douglas a envahi la plupart des forêts françaises. Cet arbre pousse vite et a un bois résistant, il est souvent cultivé de la même façon que dans l'agriculture : On plante, on laisse pousser le moins longtemps possible et on récolte. C'est la raison pour laquelle le douglas a tendance à remplacer les autres essences.

    Dans un soucis de rentabilité, il est évidemment plus intéressant de pratiquer des coupes rases avec du gros matériel adapté à cette exploitation, même dans nos contrés où les pentes abruptes sont un problème d'accessibilité.

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    Ces coupes rases sont pratiquées aussi bien dans les forêts gérées par l'ONF que dans les forêts privées. La gestion dans les forêts privées est en général confiée à des coopératives forestières qui ont acquis ces dernières années une situation de monopole sur l'ensemble de la filière bois : production de plans, conseil et conduite des travaux, commercialisation. Ces coopératives ont donc un grand intérêt à préconiser des coupes rases afin de mieux vendre ensuite des travaux de plantation. D'ailleurs, on peut constater dans la coupe rase décrite dans l'article du mois de mai « Joies et peines d'une randonneuse » qu'au milieu du champ de bataille laissé sur place, des résineux (certainement des douglas) ont été plantés.

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    L'article L124-6 fixe une obligation de reconstitution du peuplement au plus tard 5 ans après la coupe rase.

    On peut déplorer qu'à des fins de rentabilité les anciennes forêts soient remplacées petit à petit par une invasion du douglas. La particularité des résineux est par ailleurs d'appauvrir la fertilité du sol, les aiguilles de pin se décomposent très lentement, elles mettent en moyenne sept ans pour disparaître et donnent un humus acide qui entraîne un appauvrissement en chaîne de tout le milieu, moins de verres de terre et moins de bactéries. Le sol se stérilise peu à peu. On peut ainsi observer que dans les forêts de douglas les insectes et les oiseaux sont absents.

    On soupçonne également les résineux, par l'acidité qu'ils provoquent d'être responsables de la détérioration de la qualité des eaux potables, surtout lorsque les captages sont à proximité de ces forêts. La disparition des poissons dans nos rivières est aussi parfois attribuée à cette acidité., bien que le recul manque pour désigner le douglas comme seul responsable.

    Dans l'imaginaire collectif, planter un arbre est associé à une bonne gestion forestière, en réalité, dans une forêt bien gérée, pas besoin de planter des arbres. Le fait de couper les plus grands arbres arrivés à maturité, ouvre un puits de lumière qui permet aux jeunes pousses du sous bois de prendre le relais.

    Les coupes rases, pratiquées, surtout les dernières années, ne contribuent pas seulement à la détérioration de nos beaux paysages, mais sont aussi la cause de la perte de la biodiversité. Ceci est le prix à payer dans une société moderne où la rentabilité est un facteur déterminant de l'économie.

    François Champelovier