Les voitures du début du XXe siècle n’étaient pas les conduites intérieures que l’on connaît actuellement. Elles étaient pour la plupart complètement découvertes et les voyageurs exposés aux intempéries. Des conduites intérieures font leur apparition vers 1900, mais le nombre de modèles reste minoritaire. Il existait aussi des conduites intérieures reculées pour lesquelles seules les places arrières étaient dans un habitacle. De nombreux modèles étaient hybrides avec capotes… Les constructeurs automobiles passaient lentement d’un style hippomobile à celui de l’automobile et les couturiers et stylistes se lançaient dans la création de vêtements pour les automobilistes et les chauffeurs.
Les premières créations étaient chaudes, enveloppantes et pour un chauffeur elles se devaient imperméables. Dans un supplément publié en décembre 1904 et consacré à l’automobile, le journal Le Temps publiait la photo d’un équipement pour chauffeur réalisé par le tailleur Störm. Le chauffeur ressemblait à un marin en pleine tempête. Ensuite une volonté d’élégance apparaît et le supplément du même journal publié le 13 novembre 1907 présentait les créations plus élaborées proposées dans le magasin La Belle jardinière (fondé en 1824). Voici un extrait :
« Un des premiers soucis de ceux qui font de l'automobile, et non le moindre, est certainement de savoir comment s'habiller. Où trouver des renseignements, des conseils, des modèles? Il suffit de visiter l'Exposition de la Belle Jardinière, où une collection de vêtements de tous genres et de toutes sortes défie la critique du sportsman le plus soucieux de son confortable et de la correction de son mécanicien, de la chauffeuse la plus douillette et la plus élégante, et du professionnel le plus exigeant.
Chauds et confortables paletots en loden du Tyrol [ tissu de laine imperméable typique de cette région ], en souples tissus de l'Écosse, en poil de chameau, en cuir, en fourrure; imperméables de toutes sortes, y compris ceux qu'exige le yachting automobile ; tout est réuni là.
La Belle Jardinière n'a pas seulement pensé aux gens très riches et aux grosses bourses. Le motocycliste peut aussi satisfaire ses ambitions.
Cette année, la Belle Jardinière expose un nouveau modèle de vêtements imperméables qui intéressera tous les sportsmen. C'est un vêtement d'étoffé ordinaire, qui est doublé en peau. La doublure n'est fixée aux différentes pièces de ce costume que par une combinaison de boutons à pression, que l'on met ou défait rapidement. En un mot, le vêtement est transformable, suivant le temps, en costume léger ou imperméable.
Pour la livrée automobile, c'est à la Belle Jardinière, à son rayon spécial de livrées, si justement réputé, qu'appartient le mérite d'avoir pour ainsi dire fixé cette mode et d'en demeurer l'arbitre.
On peut affirmer que pour le goût et l'élégance, dans tout ce qui concerne la toilette, même dans ses applications les plus difficiles, peut-être les plus ingrates, c'est toujours la France qui détient le record, et en France la Belle Jardinière. »
Et en Ardèche ?
En Ardèche les conducteurs d’automobiles ou d’autobus, et les touristes, étaient peut-être moins élégants mais, d’après les cartes postales, tout aussi chaudement habillés.
A suivre…..
Jean-Claude Ribeyre
Le parapluie du chauffeur par Ström. Existe aussi pour dame.
On peut lire dans l’ouvrage La Belle époque à 30 à l'heure de Victor Breyer (journaliste et rédacteur dans la presse automobile de l’époque) : « Ainsi me semble-t-il utile de spécifier que le véhicule ne comportait ni pare-brise ni écran pouvant préserver les usagers des rigueurs de la bise. La circonstance explique les invraisemblables accoutrements couramment utilisés : peaux de bique, serre-tête, lunettes, et autres parapluies du chauffeur, ce dernier survêtement dû à l'ingéniosité de la maison Ström, tailleurs-spécialistes de l'époque. » A l’occasion de la course Paris Madrid, Le Figaro du 18 mai 1903 signalait que les champions s’équipaient à La Belle Jardinière avec … le « parapluie du chauffeur » et la « couverture-pantalon » brevetés par Ström…
La dernière mode en automobile. Livrées de La Belle Jardinière pour automobiles. Extraits du supplément Le salon de l’automobile du journal Le Temps du 13 novembre 1907 (BnF, Gallica).
Devant le chalet refuge au pied du mont Gerbier de Jonc. Touristes se rafraichissant à la source de la Loire. Extrait d’une carte postale des éditions Prévot postée en 1923.