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ruedespuces - Page 129

  • La vieillesse prend le pouvoir

    Dans le Dauphiné Libéré du 27 janvier, un article faisait état du vieillissement de la population en Ardèche, et principalement « sur les plateaux qui indiquent la route du Massif central. ». Les recensements concernant Le Cheylard, Saint Agrève et Saint-Martin-de-Valamas montrent en effet une forte diminution de la population due à une différence entre les naissances et les décès . Pour Saint-Martin : « 6,6 naissances pour 1 000 habitants loin de contrebalancer le nombre de décès avec un taux de mortalité très important de 22,2 pour 1 000 habitants ». Si je me souviens bien, ce sont les jeunes qui font des enfants, donc, plus il y a de personnes âgées, moins il y a de naissances et moins il y a de naissances, moins il y a de jeunes ! C'est le contraire du « grand remplacement ». Le niveau de population ne reste stable que s'il y a un apport extérieur. Pour le Cheylard par exemple le taux de natalité est de 5,2 contre un taux de mortalité de 16 pour 1000 habitants mais il est dit dans l'article que « cela pourrait être pire, puisque le solde migratoire (entrées/sorties) reste positif. »

    Malgré la crise sanitaire qui a incité quelques citadins à s'installer à la campagne et malgré la promesse du haut débit on ne voit pas encore beaucoup de gens revenir dans les villages, la plupart de ceux qui ont acheté des maisons ces derniers temps ne s'en servent que comme résidences secondaires.

    Sommes-nous condamnés à un déclin inéluctable ?

    C'est enfoncer des portes ouvertes que de dire qu'il faut faire venir des industries sur notre territoire enclavé. Yaca ! C'est enfoncer des potes ouvertes que de dire que nous devons être plus attractifs. Fokon ! Que ce soit au niveau de la commune ou de la communauté de communes, nos élus se battent pour trouver des solutions mais, la concurrence est rude, nous ne sommes pas la seule région à assister à la désertification. Le fokon-yaka a encore de beaux jours.

    Alors, devons-nous être fatalistes ou chercher un nouveau mode d'emploi pour que « nozainés » puissent faire des enfants ? Ou bien attendre un hypothétique changement qui ferait revenir les citadins à la campagne : Un nouveau virus, un réchauffement climatique qui s'accélère ou une crise économique obligeant chacun à avoir un lopin de terre pour survivre ?

    Peut-être pouvons nous nous contenter tout simplement d'habiter dans une campagne où il fait encore bon vivre, dans un village où subsiste encore des commerces et des services : Une pharmacie, deux épiceries, deux boulangeries, un tabac /presse, un bureau de poste, une banque, une médiathèque, trois bars, un hôtel /restaurant, un médecin (avec comme partout des difficultés pour l'accueil d'un autre afin de venir lui prêter main forte), une maison de santé avec dentiste, kiné, infirmières, deux écoles, un service de l'ADMR et depuis peu une nouvelle boucherie. Sans compter de nombreux artisans, un tissus associatif dynamique et une Dolce via qui nous amène de plus en plus de touristes. Dans certaines régions de France beaucoup de villages avec la même population que le notre (aux environs de 1000 habitants) ne possèdent plus aucun commerce, plus aucun service.. Saint-Martin pourrait dire comme Talleyrand : « Quand je m'examine, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure. »

    Et puisque, comme le dit l'article du Dauphiné : « La vieillesse prend le pouvoir », faute de pouvoir faire des enfants, peut-être pourrions-nous, nous les vieux, nous organiser pour que ce pouvoir nous permette de continuer à vivre ensemble en bonne harmonie, loin de l'agitation des grands centres urbains en essayant de garder nos commerces, notre convivialité, nos services et, quelques jeunes. Y a plus qu'à !

    François Champelovier

     

     

     

  • Bizarre, bizarre !

    A l’approche de l’élection présidentielle les média nous annoncent de très bonnes nouvelles…pour le gouvernement :

    • le chômage connaît un taux au plus bas, inconnu depuis très très longtemps
    • le taux de croissance de la France en 2021 est à 7%, un taux que nous n’avions pas connu depuis…52 ans. et, pour BNP PARIBAS, tout roule puisqu’en 2021 la banque a engrangé un bénéfice de 9,5 M€ en augmentation de 34% par rapport à 2020.

     

    Peu de choses sur le pouvoir d’achat d’une grande majorité de Français, ceux dont les fins de mois arrivent de plus en plus souvent…vers le 15 ; rien sur le taux de fréquentation des « Restos du cœur », rien sur la sollicitation des épiceries solidaires ; silence radio ou presque sur l’envolée quasi exponentielle des prix des produits de première nécessité, dont l’énergie que l’ouverture à la concurrence devait faire baisser (échec et mat !)  etc. etc. !

     

    Et moi, benoitement, je croyais que la saison pour cueillir les courges était déjà passée !

     

    Alain Amsellem

  • La voiture (de tourisme) du préfet de l’Ardèche entre les deux guerres

    Si le préfet de l’Ardèche se déplaçait beaucoup dans le département, notamment pour les tournées de révision, il n’était pas un touriste ni un voyageur mais utilisait une voiture de tourisme



    Lors de la première session du Conseil général de 1922, le Préfet déclarait : « La voiture remise au département par le ravitaillement était en mauvais état et avait, l'an dernier, nécessité de grosses réparations ; elle était, en outre, très dispendieuse. J'ai pu néanmoins, ne pouvant m'en débarrasser à un prix convenable, m'en servir pour les multiples déplacements qui me sont imposés pour répondre au désir des municipalités ou des comités et elle a pu faire la tournée de révision dans tout le département, sans de trop graves incidents. A la fin de la tournée de révision, la voiture est restée sur la route et elle a dû être remorquée à Privas où elle est inutilisable sans des réparations qui coûteraient plus qu'elle ne vaut ».



    Un préfet qui tombe en panne sur les routes d’Ardèche, ce n’est pas banal. Il s’agissait de Jules Paul Auguste Fuster qui avait pris ses fonctions de préfet de l’Ardèche en août 1921, après avoir été sous-préfet de Largentière et de Tournon. Lors de cette session, il proposait l’achat d’une voiture de remplacement « de très bonne marque, entièrement remise à neuf » dont le coût était de 20.000 francs. L’année suivante le Conseil votait un crédit pour assurer la voiture du Préfet et son chauffeur.



    Des contestations et accusations politiques commençaient a s’exprimer en septembre 1924. Un conseiller générale qui ne voulait pas s’associer à des félicitations au Préfet déclarait : « J'avais une certaine conception sur l'usage de l'auto préfectorale : je ne pensais pas qu'elle pût servir à faire de la pression électorale. Autant : je considère les dépenses d'essence utiles lorsqu'il s'agit de faciliter l'administration en se rendant dans diverses communes, autant je les estime condamnables lorsqu'elles servent, comme nous l'avons vu, à un fonctionnaire pour mener campagne contre le Cartel des Gauches(1) ». Le rapport de cette séance précise : « Les interpellations se croisent, l'assemblée devient houleuse et M. le Président lève la séance » qui sera suspendue pendant dix minutes. 

    Le double jeu des préfets était signalé depuis longtemps. Dans un ouvrage publié en 1869, Charles de Lacombe (2) écrivait « Qu'il soit dans ces promenades administratives fort question des candidats, c'est ce qui ne fait doute pour personne. La chose est illégale ; les conseils de révision  ne sont pas des réunions politiques; mais nous n'en sommes plus, comme le disait M. Thiers, à compter les illégalités ». Les tournées de révisions permettaient aussi une rencontre avec les maires et une enquête discrète sur le territoire.

    Un an plus tard le préfet Regnaut demandait une rallonge de son crédit, « en raison du coût de plus en plus élevé des dépenses d'entretien et de réparations » et présentait la même demande l’année suivante. 



    En 1928 la voiture est jugée comme un « modèle très ancien et fort usagée » et ayant absolument besoin d'une révision complète qui s’imposait puisque l’on était « à la veille de la prochaine tournée des conseils de révision ». Trouvant les réparations trop onéreuses par rapport à la valeur de la voiture le préfet Regnaut proposa l’achat « d'une automobile neuve Renault, conduite, intérieure, 7 places, cotée 32.000 frs » en précisant que le département « réaliserait sur la Delaunay Belleville » dont il disposait « une économie certaine d'environ 50 %, tant sur l'achat des pneumatiques, que sur la consommation d'essence (12 à 13 litres au lieu de 25 au 100 km.)... ». On peut noter que la consommation d’une actuelle Lamborghini Aventador SV est annoncée, par le constructeur, à 10,7 l/100 km en trajet extra-urbain et 24,7 l/100 km pour un trajet urbain et il n’y a que deux places. Le Préfet ayant observé que « dans la plupart des départements une indemnité est allouée au chauffeur de l'automobile préfectorale » demanda et obtint un crédit spécial « pour indemnité au chauffeur de l'automobile préfectorale ». C’était un garçon de bureau qui était alors chargé de la conduite de la voiture…



    En avril 1929, lors de la première session du Conseil général, il est rapporté que la voiture mise à la disposition du préfet Angello Chiappe était dangereuse : « carrossée pour transporter sept personnes, sur un châssis établi pour une voiture à cinq places, est d'une instabilité qui peut être dangereuse pour ses occupants, surtout sur les voies de communication du département qui comportent de nombreux tournants à faible rayon ». Après divers arrangements et tractations la voiture a été échangée, par l’intermédiaire d’un garagiste de Privas, représentant de la maison Renault, contre une nouvelle, de même force, 10 CV, datant de l'année 1928 et ayant cinq places. Un changement est intervenu lors de la réunion du 12 juillet. La Commission départementale proposa l’achat d’une voiture automobile 11 CV Renault, conduite intérieure, luxe, 7 places, 32.800 Fr. franco à Privas.



    En octobre 1931 la commission des finances réévaluait le salaire « du jardinier de la Préfecture qui a été chargé, depuis le 1er juin 1929, en même temps, de la conduite et de l'entretien de l'automobile mise à la disposition du département ». Elle annonçait : « la voiture préfectorale nécessite des réparations importantes pouvant grever lourdement le budget, sans que la voiture présente pour l'avenir, les conditions de confort et sécurité souhaitables ». Un crédit de 20.000 francs fut voté. Au début de l’année 1933 le conseil validait la commande d’une voiture automobile neuve pour le préfet Henry Piton, une 16 CV Vivastella fournie par la Société Anonyme des Usines Renault qui s’engageait à reprendre l’ancienne voiture.



    En 1935 il faut procéder « à des réparations importantes à la voiture automobile de la Préfecture et spécialement à la révision du moteur, dont l'usure commence à se manifester » et il est envisagé de changer la voiture. Tous les garagistes de privas ont été sollicités pour avoir des propositions, mais c’est la soumission des garagistes Dache et Pic de Valence qui a eu un avis favorable l’année suivante. Ils s’engageaient à livrer une voiture Hotchkiss, type 486, carrosserie Vichy, moyennant la reprise de l'ancienne voiture et le versement d'une somme de 25.000 francs



    En 1938 le préfet André Jean-Faure signalait qu’il possédait une voiture automobile dont il se servait habituellement au lieu d'utiliser celle du département et demandait qu’elle soit assurée avec le contrat de la voiture préfectorale. Ce qui fut accepté. L’année suivante le Préfet précisait que depuis un an sa voiture avait totalisé, en Ardèche, plus de 13.000 kilomètres, ce qui, par voie de conséquence, réalisait une économie de circulation importante pour la voiture du Département ». Il demandait que « les menues réparations nécessitées par l'usage courant de sa voiture personnelle » soient comptées sur le crédit régulier de réparations de la voiture préfectorale. Jusqu’en 1940 les frais d’assurance, d’entretien et de réparation de la voiture personnelle du Préfet ont été à la charge du Département.



    Les Conseils généraux sont suspendus par le gouvernement de Vichy et rétablis à la Libération. A partir de 1982 ils ne sont plus sous la tutelle d’un préfet et acquièrent un pouvoir exécutif. Je n’ai pas d’informations sur la voiture de l’actuel Préfet. Savoir quelle est la voiture du Préfet peut préoccuper certains petits français : une trentaine d’élèves d'une école de Châteauroux visitaient en mars 2017 la préfecture et rencontraient le préfet du département. Parmi les questions sur sa voiture : « Vous avez une limousine ou une voiture normale ? » « Une grosse voiture ? » « Y a-t-il un écran dans votre voiture ? » (Extrait d’un article du site web du journal La Nouvelle république).



    Il y longtemps que je n’ai pas rencontré le chauffeur du Préfet… vivement qu’il y ait de belles et grandes inaugurations officielles… pour que je puisse lui poser des questions sur les véhicules officiels de la préfecture.

    Notes

    1 - Le Cartel des gauches est une coalition électorale, constituée dans une cinquantaine de départements, pour les élections législatives de 1924 entre les radicaux indépendants, le Parti radical et radical-socialiste, le Parti républicain-socialiste auquel se joignirent des socialistes indépendants, et la SFIO. Cette coalition a été formée contre la majorité de droite du Bloc national (les blocards). C’est un pur hasard si le Cartel des gauches et le Bloc national sont évoqués en cette période électorale.


    2 - Journaliste, député et historien (1832-1904), dans Les Préfets et les maires. Les préfets en tournée de revision (sans accents, voir prochain épisode).



     alorsLa Delaunay Belleville révisée en 1922 pouvait être un modèle de ce style. La Société Anonyme des Automobiles Delaunay Belleville est créée vers 1905. Plusieurs modèles furent choisis par les « grands de ce monde » ; le Tsar Nicolas II de Russie en posséda plusieurs. La société continua à produire jusqu'en 1948-1951 des voitures de grande qualité en nombre de plus en plus restreint, la diversification de ses activités lui permettant de subsister.

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    Une Renault Type PG-5 Vivastella de 16 CV. C’est une automobile fabriquée par Renault de 1929 à 1939 qui a fait son entrée sur le marché des voitures de luxe. Elle est « richement dotée d'une ambiance cosy avec son habitacle tendu de velours soyeux ». Vitesse 110 km/h. (https://renaultheque.wordpress.com/).

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    Hotchkiss Vichy. Elles sont caractérisées par les trois vitres latérales. Conduite intérieure, 4 portes, 6 glaces, 7 places dont deux strapontins dos aux portières, grand coffre. Fabrication : 1929 à 1939. Crée en 1855 par l’américain Benjamin Hotchkiss à Rodez, pour d’abord construire de l’armement, la marque produit des automobiles de 1904 à 1954.

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    Jean-Claude Ribeyre