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ruedespuces - Page 171

  • Le cimetière du Père-Lachaise

    Que nous reste-t-il pour nous dégourdir les jambes, nous, les urbains, parisiens de surcroît,  quand le confinement restreint nos déplacements dans un rayon d’un kilomètre autour de notre  domicile ? Pas de possibilités de fréquenter les jardins des Tuileries, ni ceux du Luxembourg, ni  même de pousser jusqu’aux Bois de Vincennes ou de Boulogne. A part quelques squares dotés  d’une poignée de bancs et de jeux d’enfants, il nous reste les cimetières! 

    Alors oui, cette année qui vient de s’écouler sous le règne de Covid-19, j’ai beaucoup arpenté le  cimetière du Père-Lachaise, qui répond, en ce qui me concerne, à tous les critères de  l’autorisation de déplacement. 

    Situé dans le 20ème arrondissement de Paris, sur une colline, c’est le plus grand cimetière  parisien intra-muros, et l’un des plus célèbres dans le monde. Il s’étend sur 44 ha et totalise 70 000  concessions. 

    Un peu d’histoire :  

    Appelé cimetière de l’Est à son ouverture en 1804, il porte le nom d’un Prêtre Jésuite, François  d’Aix de La Chaise (1624-1709), confesseur de Louis XIV pendant 34 ans. 

    Ce prêtre, très apprécié de la population, a longtemps vécu dans un domaine, situé à  l’emplacement de l’actuel cimetière, où les jésuites venaient se reposer. Celui-ci prit le nom de  son illustre occupant, officialisé lorsque les autorités locales décidèrent d’y construire un lieu de  sépultures. 

    L’aménagement en fut confié à l’architecte Brongniart (qui a aussi réalisé la Bourse de Paris). Il le  conçut comme un jardin à l’anglaise, avec des allées sinueuses et pavées, bordées d’arbres et de  feuillus, où il faisait bon s’y promener. 

    Sauf que là, échec ! Pas de succès pendant dix ans. Les parisiens refusaient de s’y faire enterrer  au motif que c’était un cimetière public, non rattaché à une paroisse. 

    Que faire ? Pour encourager la population à venir y choisir sa dernière demeure, les autorités  décidèrent d’y transférer les corps de deux célébrités adulées des parisiens, Molière (1622-1673)  et La Fontaine (1621-1695). 

    Mais il y a peu de chance que les restes de ces illustres lettrés soient présents dans leurs  tombeaux.  

    En effet, Molière, du fait de sa profession de comédien à laquelle il n’avait pas renoncé avant sa  mort, ne pouvait, en vertu de la loi de l’époque, recevoir de sépulture religieuse. Compte tenu de  sa notoriété, l’archevêque de Paris aurait finalement accepté qu’il soit enterré dans un lieu  consacré, le cimetière de la Chapelle Saint Joseph… Mais furieux de cette décision, le chanoine  de la Chapelle fit, immédiatement après les obsèques, déplacer le corps dans un        endroit non  consacré, d’où la confusion ultérieure.

    Quant à La Fontaine, il fut inhumé au cimetière des Innocents (actuel quartier des Halles). Suite à  un effondrement en 1780, ce cimetière fut rasé et tous les ossements transférés dans les  catacombes. 

    En 1792, la Révolution, désireuse d’honorer les grands hommes, fit exhumer les présumés restes  de Molière et de La Fontaine, pour les transférer au Musée des Monuments  Français qui fermera  en 1816.                                                                     Tombe de Molière    

    tombe de moliere.jpg

                 

    Tombe de La Fontaine                                           

    tombe la fontaine.jpg

    C’est ainsi que les autorités de l’époque récupérèrent les deux cercueils pour les déposer au  Père-Lachaise, et que, désormais, les deux hommes reposent côte à côte pour l’éternité ! Est ce que le tour de passe-passe a marché ? Bien sûr, une décennie plus tard, le cimetière était  très convoité par les parisiens, ravis de pouvoir partager leur dernière demeure avec ces deux  célébrités ! Ah! Vanité, quand tu nous tiens ! 

    Et aujourd’hui, le coût du mètre carré pour l’au-delà flirte allègrement avec celui des vivants, dans  l’ici et maintenant !!! 

    Le cimetière a accueilli au fil des années de nombreuses personnalités, issues de multiples  domaines. 

    Je pourrais citer la sulfureuse tombe d’Oscar Wilde . 

    L’écrivain-poète (1854-1900) a été jeté en prison en Angleterre et condamné à deux ans de  travaux forcés pour un baiser homosexuel. Il est mort à Paris en 1900 à l’âge de 46 ans dans le  dénuement le plus complet. Ce n’est qu’en 1912 que son ancien amant fit ériger un tombeau, au  cimetière du Père-Lachaise, qui représente un Sphinx ailé. Mais la sculpture fut dotée de parties  génitales conséquentes, ce qui provoqua scandale et indignation. La légende colporte que « deux anglaises émasculèrent la statue à coups de pierres (et de parapluie!!!) » et que les attributs  finirent en tant que presse-papier sur le bureau d’un conservateur de musée!  Qui plus est, dans les années 1990, un rituel s’instaura. Des admirateurs.trices, probablement en  hommage à ce baiser condamné, prirent l’habitude de déposer un baiser de rouge à lèvres sur le  tombeau. Au fil du temps, le bloc de pierre se dégrada et le monument fut protégé par de grandes  parois de verre qui l’encerclèrent. 

    J’aime aussi m’arrêter devant une émouvante sculpture.  

    Elle ne porte aucun nom, aucune date. Sur la dalle repose un homme gisant qui tient dans ses  mains le visage de sa compagne. On peut lire la touchante épitaphe : « Ils furent émerveillés du  beau voyage qui les mena jusqu’au bout de la vie » « So romantic » !!!! 

                                                Tombe de l'homme gisant

    tombe gisant amoureux.jpg

    Et puis, que dire de la déroutante tradition autour de la tombe de Victor Noir.tombe victor noir.jpg Vous ne le connaissez pas ? Moi non plus, avant de découvrir son histoire ! C’était le nom de plume d’un journaliste né en 1848 et mort à Paris le 10 janvier 1870, d’un coup  de feu, tiré par un cousin en disgrâce de Napoléon III. La raison ? Un différend politique, le Second  Empire vacillait et la révolte grondait. Ce meurtre impuni suscita une forte indignation populaire et  cet obscur employé de rédaction devint un symbole républicain.  

    Il fut transféré au Père-Lachaise en 1891, et le sculpteur Jules Dalou, ardeur défenseur de la  République, réalisa un gisant en bronze, d’un réalisme époustouflant : « la bouche est ouverte, les  mains gantées, les vêtements dégrafés, le chapeau est roulé et surtout il dote son oeuvre d’une  virilité bien moulée au niveau du pantalon ». 

    Depuis, bon nombre de curieux.ses, en proie à des superstitions de fertilité, ont pris l’habitude de  frotter ses parties intimes, ainsi que le nez, faisant disparaître l’oxydation de la patine à ces  endroits-là. 

    Ce pauvre Victor, mort dans la fleur de l’âge à 21 ans, avait-il un seul instant imaginé vivre pour  l’éternité de si tendres et délicates attentions ? Si ça n’est pas le paradis … 

    Peut-être une autre fois, vous parlerai-je des femmes au cimetière du Père-Lachaise …

    Evelyne Colloud Chomarat

  • J’ai lu :

    Prix des Prix Val’Eyrieux : démarrage de la troisième compétition littéraire à l’initiative des trois médiathèques Saint Martin, Le Cheylard et Saint Agrève.

    Un comité de lecture se réunira en septembre 2021 en ce qui concerne les médiathèques de St Martin et du Cheylard, en juin pour celle de St Agrève, pour élire le Prix des Prix Val’Eyrieux. 

     Participer au Comité de lecture est simple, il suffit de s’inscrire à la médiathèque de son choix. L’année dernière le prix a été décerné à Jean Paul Dubois pour son livre Tous les hommes n’habitent pas la même planète.

    Sept livres sont en compétition : Prix Académie Française La grande épreuve de Thibaut de Montéty ;la grande epreuve.jpg Prix Fémina Nature humaine de Serge Joncour ; nature humaine.jpgPrix Goncourt Anomalie de Hervé le Tellier ; anomalie.jpgPrix Goncourt des Lycéens Les impatientes de Djalil Amadou Amal ;les impatiantes.jpg Prix Médicis Le cœur synthétique de Chloé Delaume ;le coeur synthétique.jpg Prix Renaudot Histoire du fils de Marie Hélène Lafon ; histoire du fils.jpgPrix Interallié Un crime sans importance de Irène Frain. 

    un crime sans importance.jpg



     Hors compétition mais un plaisir de lecture bien rare tant il est difficile de trouver un auteur qui ait le talent de nous faire déguster son texte comme une gourmandise.

    Cette autrice c’est Jane Howard pour son roman paru chez Quai Voltaire La saga des Cazalet tome 1 Eté anglais, il est suivi du tome 2 À rude épreuve que je n’ai pas lu.

    la saga des cazalet.jpg

    Ce roman est anglais jusqu’au bout des ongles : une riche famille bourgeoise anglaise se retrouve à la campagne pendant l’été 1938. Elle se compose des grands parents qui reçoivent, chaque été, dans leur grande maison familiale leurs trois fils avec femmes et enfants et leur fille célibataire. Les domestiques sont la cheville ouvrière de cette micro société.

    Les descriptions, les caractères, l’éducation homme femme, les querelles à hauteur d’enfants, les angoisses des adolescents, les émois amoureux et les pulsions malsaines tout y passe. L’écriture est précise et campe les personnages de façon magistrale.

    En toile de fond l’Histoire celle d’une époque coloniale qui n’est plus, les séquelles douloureuses d’une première guerre mondiale, la terreur d’une prochaine guerre qui s’annonce. 

    Andrée Roméas

  • La retraite en Ardèche

    Ce billet est écrit au premier degré !

    Vivre en Ardèche en général, vivre dans le canton de Saint-Martin-de-Valamas en particulier, cela veut dire : Vivre à proximité de la nature, dans un environnement encore préservé, entouré de sites exceptionnels, de rivières non polluées et d'espaces ouverts au promeneur. Vivre à Saint-Martin-de-Valamas, c'est profiter de la tranquillité et du vivre ensemble.

    Etre à la retraite, cela veut principalement dire : Avoir le temps, avoir la possibilité de prendre le temps.

    Le but de la vie, et même l'objet même de la politique, c'est de bien vivre. L'être humain, en règle générale veut faire des choses, des choses qui lui plaisent et dont il voit le résultat, (contrairement à l'idée reçue, le fait d'avoir du temps libre n'incite pas à la fainéantise). Aussi, la retraite lui laisse le temps, le loisir de faire, de créer ce qui lui plaît sans les contraintes que la société lui impose pendant sa carrière professionnelle, Il peut faire des choses sans valeur marchande, participer à des associations et se rendre utile à la société bénévolement.

    Nous vivons dans un système guidé par la rentabilité. Les produits du travail sont tributaires de la concurrence et doivent être fabriqués le plus rapidement et le moins cher possible, en grand nombre. Cela implique, pour le plus grand nombre, de se rendre au travail « seulement » pour subvenir à son existence. Avoir le temps de faire quelque chose, c'est se faire plaisir, c'est donc le faire bien. Ce qui n'est pas possible lorsqu'on doit être "rentable".

    Avoir le temps est un luxe, avoir le temps en Ardèche est le luxe suprême. S'en rendre compte est encore mieux.

    Bien sûr, c'est une chance, après une vie de travail rétribué, d'être encore en bonne santé.

    Si j'ai un souhait, en ce début d'année, c'est que tout le monde atteigne rapidement l'âge de la retraite afin de pouvoir profiter pleinement de la vie. Et si c'est en Ardèche c'est encore mieux.

    François Champelovier